Le Doliprane soulage des douleurs, mais provoque également des tensions entre laboratoires pharmaceutiques. Le360 vient d’apprendre que le laboratoire Bottu s’apprête à porter plainte contre Pharma 5, l’accusant de plagier son médicament phare, le Doliprane.
Il est vrai que la formule de ce médicament est tombée dans le domaine public depuis plusieurs années. Cependant, Bottu détient toujours des droits en matières d’appellation, d’apparences et d’emballage et ce, pour au moins une quinzaine d’annéee encore. Et c’est bien à ce niveau que le laboratoire compte faire valoir ses droits face à son concurrent.
Selon nos informations, le laboratoire Bottu a même déjà réalisé une étude comparative sur les emballages dans lesquels sont présentés le Doliprane et la marque de son concurrent, le Dolostop. Il en ressortirait que les ressemblances sont multiples, allant de la couleur des produits jusqu’au contenu et indications présentés sur les emballages. Un copier/coller irréfutable, en somme!
© Copyright : Le360
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Interpellé sur ces accusations, le laboratoire Pharma 5 brandit un argument sans équivoque. «Dolostop est un générique du Doliprane. Selon les recommandations des instances internationales, les génériques doivent être présentés dans des emballages se rapprochant de ceux de leurs principes».
En France par exemple, depuis fin 2011, le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle protégeant l’apparence et la texture des formes pharmaceutiques orales d’un princeps ne peut plus interdire que son générique présente une apparence et une texture identiques ou similaires. L'Agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé a également recommandé que le médicament générique se rapproche le plus possible du princeps.
Les explications qui nous ont été présentées par Pharma5 ne semblent pas convaincre Bottu. Une source auprès du Groupe qui produit Doliprane nous assure en effet qu’aucune réglementation n’autorise de copier les emballages. «C’est aussi une question d’éthique. Vendre un médicament à un patient tout en cherchant à lui faire croire qu’il s’agit d’un autre est un acte immoral», précise la même source. Et d’ajouter: «Il y a là une volonté manifeste de tromper».
Au Maroc, il semblerait qu’il existe un flou juridique à cet effet et l’affaire Bottu/Pharma5 pourrait bien représenter un précédent dans ce sens.
En attendant que ce conflit soit réglé, il n’est pas exclu d’en voir d’autres éclater, compte tenu du nombre de génériques au Doliprane qui circulent sur le marché et le recours de plusieurs acteurs à la même stratégie de packaging des produits pour tenter de grignoter des parts de marché au Doliprane.
Il faut dire que les chiffres que réalise ce médicament au royaume ont de quoi faire saliver tout producteur d’un de ses génériques. Le Doliprane représente en effet plus du 6% du marché du médicament au Maroc, avec des ventes qui ont dépassé les 19,5 millions de boîtes en 2015. Le chiffre d’affaires qu’il génère atteint les 161 millions de dirhams, sachant que son prix de vente reste relativement bas (13,87 DH pour une moyenne dans le marché du médicament de 46,10 DH).
Autant dire que le Doliprane peut bien donner un mal de tête à ses concurrents au regard de son succès. Et ce ne sont pas les copies qui pourraient ébranler son immense popularité sur le marché.