Logistique: le Maroc face au défi des goulets d’étranglement

Une zone logistique. DR

Revue de presseAlléger les contraintes logistiques n’est plus seulement une question de compétitivité: c’est un enjeu stratégique pour renforcer l’ancrage du «Made in Morocco» dans les chaînes de valeur mondiales. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 12/08/2025 à 19h31

Le secteur exportateur marocain avance aujourd’hui à deux vitesses. D’un côté, l’écosystème intégré de Tanger Med, véritable vitrine internationale, a enregistré en 2024 un record historique avec 10,2 millions de conteneurs et 142 millions de tonnes de fret. Cette plateforme portuaire, parfaitement connectée aux filières automobile et aéronautique, illustre la capacité du Maroc à se hisser aux standards mondiaux en matière de logistique.

À l’opposé, certaines PME agro-industrielles, notamment dans l’arrière-pays, doivent composer avec des délais qui peuvent atteindre deux jours simplement pour accéder aux quais ou parcourir la route vers Casablanca. Le constat est du magazine Finances News Hebdo, qui cite les conclusions du cabinet Mordor Intelligence. En chiffres, la logistique représente ainsi près de 15% du prix départ-usine dans l’agroalimentaire et 10% dans l’automobile, freinant la compétitivité hors prix à l’international.

Le marché logistique marocain, estimé à 24 milliards de dollars en 2025, connaît une croissance soutenue. Mais cette progression masque des failles persistantes. Les tracasseries douanières, bien que réduites, restent présentes. Les ruptures dans l’intermodalité entre rail, route et maritime freinent la fluidité des échanges. Enfin, la pénurie d’entrepôts dits «grade A» est particulièrement criante dans les zones stratégiques autour de Casablanca et Kénitra. «Ces infrastructures, construites selon des normes strictes en termes de taille, de capacité et d’équipements, sont essentielles pour assurer une gestion optimale des flux de marchandises», souligne Finances News.

Pour améliorer la situation, les professionnels du secteur identifient quatre priorités d’action. La première consiste à résoudre la problématique du «premier et dernier kilomètre» en créant des minihubs routiers connectés aux échangeurs autoroutiers et en instaurant des créneaux de livraison nocturnes, afin de réduire la saturation en zones urbaines. La deuxième mesure passerait par le renforcement du fret ferroviaire: il s’agirait de développer des embranchements industriels et de mettre en place des wagons modulaires pour le transport de pièces automobiles. Sur l’axe Tanger–Casablanca, cette stratégie, combinée à l’instauration de créneaux dédiés au fret nocturne sur la LGV, pourrait réduire de 30% le coût kilométrique.

Troisième axe: poursuivre la simplification des procédures douanières. Depuis décembre 2024, les certificats de conformité sont payés directement par l’importateur via la plateforme PortNet, ce qui a permis de réduire à moins de six heures le délai moyen de dédouanement pour un conteneur vert. Quatrième priorité: accélérer la digitalisation et la transition écologique de la chaîne logistique, en généralisant par exemple l’usage de la blockchain pour le suivi de la température et de l’humidité dans les exportations horticoles, ou encore en mettant en place un barème indexé sur la performance, mesurant notamment le temps d’immobilisation des marchandises et les émissions de CO₂, pour inciter les terminaux à investir dans l’automatisation et les tracteurs électriques.

Si l’ensemble de ces mesures est mis en œuvre selon le calendrier annoncé par le gouvernement, le coût logistique moyen pourrait passer de 15 à 9% du prix fabriqué. Un allègement équivalent à deux points de TVA pour un exportateur, mais surtout un levier déterminant pour renforcer la réindustrialisation du pays et ancrer durablement le «Made in Morocco» dans les chaînes de valeur mondiales.

Par La Rédaction
Le 12/08/2025 à 19h31