Les responsables marocains surveillent les réserves de change comme du lait sur le feu, rapporte Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 4 mai. Lors de son dernier passage à la Chambre des représentants, il y a quelques jours, l’argentier du Royaume s’est d'ailleurs dit inquiet. Pourtant, l’agence de notation internationale Fitch Rating se montre plutôt confiante et estime les pertes en devises pour le Maroc, au cours de cette période, à 2,4 milliards de dollars US. «Compte tenu des CAD (déficits du compte courant) plus larges et de la flexibilité du taux de change toujours limitée, les réserves de change seront réduites à environ 22,9 milliards de dollars fin 2020, contre 25,3 milliards de dollars fin 2019», précise la même source. Et de poursuivre: «Les réserves de change fourniront toujours une couverture confortable à la fois par rapport aux paiements en compte courant à six mois (médiane «BBB»: 6,6 mois) et aux besoins cumulatifs bruts de financement extérieur du Maroc, que nous estimons à 22,8 milliards USD en 2020-2021, en supposant un roulement de la partie à court terme composée principalement de crédits commerciaux».
L’agence ne précise pas, cependant, si ses prévisions tiennent compte des mesures prises par les autorités financières du Royaume au cours des dernières semaines. Pour rappel, le Maroc avait décidé de retirer la totalité des 3 milliards de dollars mis à sa disposition par le FMI (Fonds monétaire international) dans le cadre de la LPL (ligne de précaution et de liquidité). De même, le pays s’apprête à effectuer une sortie à l’international dans les prochains mois. Dans ce sens, le Parlement vient d’autoriser l’Exécutif à dépasser le plafond des financements extérieurs fixé par la loi de Finances 2020. En effet, la Chambre des représentants a adopté le projet de loi relatif au dépassement du plafond de financement. Selon le ministre de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, Mohamed Benchaâboun, le projet de loi N°26.20 portant approbation du décret-loi n°2.20.320 du 13 Chaâban 1441 (7 avril 2020), relatif au dépassement du plafond des emprunts extérieurs, vise à parachever la procédure prévue dans l’article 81 de la Constitution, en soumettant le décret-loi précité au Parlement pour approbation au cours de la prochaine session ordinaire.
Benchaâboun indique que la procédure de dépassement du plafond de financement extérieur s’inscrit dans le cadre des mesures urgentes prises pour lutter contre les impacts négatifs du coronavirus (Covid-19) sur tous les secteurs vitaux de l’économie nationale. Il note, par ailleurs, que la situation des réserves en devises pourrait connaître un recul significatif, étant donné qu’un ensemble de secteurs dont le tourisme, les investissements directs étrangers, les secteurs exportateurs et les transferts des Marocains résidant à l’étranger, outre les nouveaux métiers mondiaux du Maroc, a été impacté.