Les marchés financiers marquent une pause après une année euphorique

Le siège de la Bourse de Casablanca.

Revue de presseAprès plusieurs mois de hausse soutenue, le MASI recule en novembre, illustrant une correction technique et des arbitrages de liquidité. Malgré cette pause, les fondamentaux économiques et financiers restent solides et le cycle boursier demeure porteur, mais désormais plus sélectif. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 22/12/2025 à 19h37

Après une année marquée par une euphorie boursière et un assouplissement monétaire, les marchés financiers marocains ont connu en novembre un net temps d’arrêt. La correction du MASI, les arbitrages de liquidité et les tensions sur les maturités courtes rappellent que le cycle reste porteur, mais entre désormais dans une phase plus sélective, malgré des indicateurs économiques globalement solides.

Après plusieurs mois d’ascension quasi continue, le marché a connu un ajustement brutal en novembre, davantage révélateur d’arbitrages tactiques que d’un retournement de cycle. Dans sa note Strategy de novembre 2025, reprise par le quotidien Les Inspirations Eco du 23 décembre, BMCE Capital Global Research (BKGR) analyse cette correction comme un moment charnière, où les investisseurs réévaluent simultanément le risque, la liquidité et les perspectives de rendement.

L’indice MASI, qui avait franchi un sommet historique au-delà de 20.000 points en début de mois, a clôturé novembre à 18.603,59 points, enregistrant une baisse mensuelle de 5,26 %. Malgré cette contre-performance, l’une des plus importantes de l’année, la performance annuelle reste exceptionnelle, à +25,93%. BKGR attribue cette correction principalement à des prises de bénéfices sur les grandes capitalisations, après une phase de hausse rapide largement anticipée par le marché.

Au-delà du simple ajustement technique, la note souligne une évolution structurelle : une migration partielle des flux institutionnels, notamment des OPCVM vers les OPCI, a temporairement réduit la liquidité sur le marché actions. À cela s’ajoute l’arbitrage en amont des introductions en bourse de Cash Plus et de SGTM, qui a conduit à des réallocations tactiques des portefeuilles. Cette pause ne remet toutefois pas en cause les fondamentaux, les sociétés cotées affichant une progression agrégée de 5,6% de leurs revenus sur les neuf premiers mois de 2025, à 246,4 milliards de dirhams.

Sur le marché obligataire, la situation est plus nuancée, lit-on dans Les Inspirations Eco. La désinflation confirmée et le maintien d’une politique monétaire accommodante par Bank Al-Maghrib ont aplati la courbe des taux primaires, tandis que les investisseurs se tournent progressivement vers les maturités courtes. En novembre, le Trésor a levé 15,9 milliards de dirhams, soit 151,5% du montant initialement annoncé, confirmant une stratégie proactive de sécurisation de la trésorerie. Cette intensité des levées, combinée à des tombées moins importantes attendues en décembre, exerce un biais haussier sur les taux à court terme, alors que les maturités intermédiaires offrent un compromis entre rendement et maîtrise du risque.

Sur le plan économique, le Maroc affiche une croissance estimée à 4,6% en 2025, portée par la demande interne et le dynamisme des secteurs non agricoles. Le deuxième trimestre a enregistré une accélération notable à 5,5%, contre 3% un an plus tôt. Cette vigueur se reflète dans plusieurs indicateurs avancés: les ventes de ciment progressent de 10,6% à fin octobre et les ventes automobiles bondissent de 35,3%, traduisant un cycle d’investissement et de consommation actif.

L’inflation reste maîtrisée, avec une hausse annuelle limitée à +0,1% en octobre, son niveau le plus bas depuis mars 2021, soutenant ainsi les conditions de financement de l’économie. En revanche, le déficit commercial s’est creusé à 297 milliards de dirhams, en hausse de 19,6% sur un an, et le déficit budgétaire atteint -55,5 milliards de dirhams, contre -40,5 milliards un an plus tôt, illustrant l’ampleur des efforts publics engagés.

BKGR conclut que l’économie et les marchés entrent dans une phase de maturité du cycle. La croissance reste solide et les fondamentaux des entreprises cotées robustes, mais l’environnement financier impose désormais davantage de sélectivité et de discipline. La correction de novembre ne constitue pas un signal d’alerte, mais traduit la transition vers un marché plus exigeant, où la qualité des bilans, la visibilité des flux de trésorerie et la profondeur du marché obligataire détermineront les performances futures.

Par La Rédaction
Le 22/12/2025 à 19h37