Entre déficit de contributions et bénéficiaires non prévus par la loi, le Régime d'assistance médicale risque d'aller aux urgences. Non seulement les collectivités locales n’en font pas leur priorité, mais les moins défavorisés, à savoir ceux inscrits à la CNSS, se soignent gratuitement grâce au Ramed. Les premières n'ont aucune excuse, elles doivent être contraintes au paiement. Mais, pour les "passagers clandestins", c'est un peu plus compliqué, puisqu'ils risquent d'etre exclus de tous les régimes d'assurance ou assistance médicale.Les collectivités locales, elles, sont aux abonnés absents. Théoriquement, elles sont censées avoir contribué à hauteur de 284,5 millions de dirhams, contre 1,2 milliard de dirhams du Fonds d’appui à la cohésion sociale et 56 millions de dirhams pour les personnes en situation de vulnérabilité. Cependant, l’Anam ne voit pas la couleur de l’argent des collectivités locales.
Ni droit à la CNSS, ni au RamedDu côté des inscrits à la CNSS, on est face à un système qui crée des parias. Ils seraient quelque 220.000 à bénéficier de la prise en charge, sans pourtant être éligibles. C’est ce qu’affirme l’Economiste dans sa livraison de ce lundi 15 décembre 2014, citant l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam). Ces personnes sont effectivement exclues par les textes, car elles sont inscrites à l’Assurance Maladie Obligatoire, au niveau de la CNSS.Cependant, Hajim Jilali, directeur général de l’Anam, reconnaît qu’il faut distinguer entre les "60.000 inscrits à la CNSS qui sont encore bénéficiaires des prestations de l’AMO et les autres qui n’ont plus de droits ouverts". La loi est sans équivoque: "celui qui est inscrit à l’AMO n’a pas droit au Ramed", rappelle Hajim Jilali. Mais il y a comme une certaine injustice. Les deux tiers des personnes classées parmi les fraudeurs ne sont plus prises en charges par la CNSS, parce que n’exerçant plus aucune activité. Alors, l’urgence serait de leur trouver une solution. C’est une réflexion qui a d’ores et déjà été confiée à "une commission pour aboutir à une interprétation commune des textes", toujours d’après Jilali. Une fois qu’une solution sera mise en place, ne risque-t-on pas d’avoir un effet d’appel d’air? Dans l’interview qui accompagne l’article d’analyse, notre confrère l’économiste ne pose pas la question. Mais il est évident que le nombre de 220.000 sera facilement dépassé.