Le plan de relance économique selon un conseiller de la Primature

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Revue de presseKiosque360. Ahmed Khalid Benomar, chargé de mission auprès du Chef du gouvernement et coordonnateur du pôle en charge de la politique économique et de l’investissement, marque une rupture avec les différentes lectures de cette crise sanitaire.

Le 11/06/2020 à 14h20

Après la première rencontre avec Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, qui a présenté en avant-première la vision du patronat sur la relance économique, l’Association pour le progrès des dirigeants (APD) donne la parole à Ahmed Khalid Benomar, chargé de mission auprès du Chef du gouvernement et coordonnateur du pôle en charge de la politique économique et de l’investissement. D’entrée, celui-ci donnera le ton en marquant une rupture avec les différentes lectures de la crise, rapporte Aujourd’hui le Maroc dans son édition du 11 juin.

Le responsable recommande une attitude plus tempérée et propose de décélérer le pas vers le changement, jugé trop prématuré. Pour lui, «le premier enseignement à tirer de cette situation exceptionnelle concerne le renforcement des outils institutionnels de gestion de crise, à la fois au niveau des entreprises et des administrations». L’expert fera remarquer que très peu d’opérateurs, au Maroc, possèdent des plans de continuité en bonne et due forme. C’est un fait: les Etats comme la Russie, qui avaient des départements dédiés à la gestion de crise, ont été mieux préparés. L’hypothèse selon laquelle le monde connaîtra de plus en plus de crises dans l’avenir a été, également, mise en avant par l’expert. A l’échelle du globe, trois types de réponses à la crise ont été avancés: celui reposant sur les marchés structurés comme l’Allemagne, celui lié aux marchés libéraux comme les Etats-Unis et, enfin, celui des marchés émergents comme le Maroc.

La philosophie de chaque pays diffère en fonction des différents modèles. L’expert rappellera le cas emblématique de l’Allemagne, où l’Etat est allé vers les entreprises pour préserver l’emploi et une certaine stabilité, à tel point que le chômage, en temps de crise, n’a augmenté que de 1% par rapport au taux initial. Dans le cas des pays libéraux, la réponse a été d’aider les ménages pour entretenir la consommation tout en laissant mourir les entreprises qui ne relevaient pas le défi. La réponse des pays émergents, proche de celle du Maroc, renvoie à la protection des ménages à travers la mise en place d’avantages fiscaux, pour maintenir la demande.

Sans transition, le chargé de mission auprès du Chef du gouvernement insistera sur le fait qu’«il est très dangereux d’estimer que le pays a achevé la planification, alors que la crise est encore en cours». En clair, il s’agira de ne pas être trop hâtif dans les conclusions par rapport à la situation et de garder un temps de latence. «On répondra un peu plus tard, mais on répondra mieux…». Dans un second temps, l’expert recommande de ne pas négliger les risques sociaux, notamment ceux liés au chômage. Les volets sanitaire et éducatif sont de même à considérer dans les pays émergents, compte tenu du fait que les systèmes, à la base, ne sont pas forcément performants.

Le Maroc a l’opportunité, néanmoins, de mettre en place des actions nouvelles comme un nouveau contrat social, avec l’institutionnalisation d’un système d’aide sociale permettant le passage de l’économie informelle à sa voisine formelle. Il s’agit d’opérer la refonte complète du système de protection sociale. «Au niveau énergétique et développement durable, ce sera l’occasion pour tous les pays d’accélérer l’autonomie énergétique, de renforcer leur position compétitive et de se positionner sur les industries exportatrices des produits qui sont moins carbonés», souligne encore Khalid Benomar.

Par Fayçal Ismaili
Le 11/06/2020 à 14h20