«L’État poursuit sa politique de soutien des prix pour certains produits de première nécessité, notamment le gaz butane, le sucre et la farine nationale de blé tendre. Mais la tendance est à la baisse», indique le quotidien L’Économiste dans son édition du jeudi 23 octobre. Cette stratégie vise à protéger le pouvoir d’achat des ménages face à la volatilité des marchés internationaux et à la hausse persistante des prix de ces produits.
Entre janvier et août 2025, le cours du gaz butane, selon la formule marocaine, a fluctué entre 455 et 675 dollars la tonne. Le projet de Loi de finances pour 2026 prévoit ainsi une enveloppe budgétaire de 13,77 milliards de dirhams, en baisse par rapport aux 16,5 milliards de dirhams alloués en 2025. Pour la bonbonne de 12 kg, la subvention moyenne versée par l’État s’est élevée à 53,47 dirhams sur cette période, soit une diminution de 14% par rapport à la même période de 2024. La charge totale de compensation du gaz butane atteint ainsi près de 8,5 milliards de dirhams, enregistrant un recul de 17% sur un an, selon le ministère des Finances.
Cette baisse s’inscrit dans un contexte de diminution relative des cours internationaux du gaz, amplifiée par le recul du taux de change et le lancement de la réforme du gaz butane, notamment la réduction progressive du soutien à la bonbonne de 12 kg de 10 dirhams depuis mai 2024. Le ministère souligne que le niveau le plus bas de subvention a été atteint en juin 2024, avec une aide stabilisée à 42 dirhams. «Malgré cette réduction progressive, le soutien public au gaz butane continue de représenter un poids important pour les finances publiques», écrit L’Économiste.
Sur le plan des importations, après une baisse enregistrée en 2023, le Maroc a vu ses importations de gaz butane augmenter de 4,5% en 2024, atteignant un niveau historique de 2,89 millions de tonnes. Cette progression s’explique par une demande intérieure soutenue, avec une consommation nationale de 235,7 millions de bonbonnes de 12 kg, soit 1,5 million de plus qu’en 2023. Le gaz américain domine largement ces importations, représentant 77% du volume total, contre seulement 23% pour le gaz européen. Selon le ministère, cette prépondérance s’explique par la forte disponibilité du gaz butane aux États-Unis et par l’adaptation progressive des infrastructures portuaires marocaines aux navires de grande capacité venus d’Amérique du Nord, permettant ainsi de réduire les coûts logistiques et d’optimiser les opérations de déchargement.
Concernant le blé tendre et la farine nationale, l’État maintient un soutien actif face à une conjoncture marquée par la sécheresse et la volatilité des marchés. Pour la farine nationale, près de 880 millions de dirhams ont été mobilisés entre janvier et août 2025, couvrant notamment les frais de stockage et de magasinage et valorisant la production locale. Pour le blé tendre, en raison du déficit de production nationale pour la campagne agricole 2024/2025, le gouvernement a suspendu les droits de douane à l’importation et accordé une subvention visant à sécuriser l’approvisionnement et à stabiliser le prix du pain à 1,20 dirham. À fin août 2025, le soutien à l’importation de blé tendre s’élevait à 257 millions de dirhams, en recul de 65% par rapport à la même période en 2024. La charge globale liée au soutien du blé et de la farine nationale a ainsi atteint 1,137 milliard de dirhams, enregistrant un recul de 29% en un an.
Le sucre, consommé à hauteur d’environ 1,23 million de tonnes par an par les Marocains, bénéficie également d’un système de subventions. Il repose sur une aide forfaitaire à la consommation de 3,64 dirhams par kilogramme et sur une subvention complémentaire à l’importation du sucre brut, permettant de compenser l’écart entre le coût réel d’importation et le prix cible fixé par l’administration. Cette politique vise à garantir un approvisionnement régulier malgré le recul de la production nationale, qui a entraîné une hausse des importations de sucre brut de 78% entre 2019 et 2024. La charge budgétaire relative au soutien du sucre a évolué de 1,27 milliard de dirhams en 2022 à 2,52 milliards en 2023, avant de redescendre à 1,77 milliard en 2024. Pour la période de janvier à août 2025, le coût total du soutien au sucre raffiné et brut s’est établi à 3,413 milliards de dirhams, soit une baisse de 23% par rapport à la même période de l’année précédente.








