Le Maroc face au défi de la régulation des plateformes numériques

Alors que la digitalisation de l’économie mondiale s’accélère, le Maroc s’efforce de définir son propre modèle, conciliant compétitivité, justice et protection sociale.

Revue de presseRéunis à Marrakech lors d’une conférence internationale organisée par le Conseil de la concurrence, responsables publics, experts et acteurs économiques ont débattu des enjeux posés par les plateformes numériques. Au cœur des discussions: comment réguler ces nouveaux géants tout en préservant la dynamique d’innovation et l’équilibre social dans une économie marocaine en pleine transformation digitale. Cet article est une revue de presse tirée de Finances News.

Le 05/11/2025 à 19h58

La conférence internationale «Plateformes numériques, évolution des métiers et enjeux concurrentiels», tenue mercredi à Marrakech sous l’égide du Conseil de la concurrence, a réuni décideurs, experts et représentants du secteur privé autour d’un enjeu central: comment encadrer les plateformes numériques sans freiner l’innovation? «À l’heure où l’économie mondiale se digitalise à grande vitesse, le Maroc cherche à tracer sa propre voie, entre compétitivité, équité et protection sociale», résume le magazine Finances News Hebdo.

Dès l’ouverture des travaux, le président du Conseil de la concurrence, Ahmed Rahhou, a rappelé l’ambivalence des plateformes numériques. Véritables moteurs de croissance, elles stimulent la création d’emplois, notamment dans les secteurs du transport et de la livraison, et offrent aux pays émergents la chance de bâtir leurs propres champions nationaux. Mais elles représentent aussi une source de déséquilibres, en concentrant une grande part de la valeur ajoutée et en imposant leurs règles à des prestataires souvent dépendants. Rahhou a mis en garde contre le manque de préparation des autorités face à ces modèles économiques fondés sur la gratuité apparente et l’exploitation massive des données personnelles. Il a plaidé pour une régulation «progressive et anticipative», capable d’éviter les excès tout en préservant la liberté d’entreprendre.

«Le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, a pour sa part annoncé que la réforme du Code du travail en cours d’élaboration prenait en compte les spécificités de l’économie numérique», rapporte Finances News. Trois axes structurent cette refonte: la reconnaissance du travail à temps partiel pour favoriser la flexibilité et la pluriactivité, la mise en place d’un cadre fiscal et social pour le télétravail, et l’intégration des plateformes dans la législation du travail afin de corriger les déséquilibres entre les acteurs. Cette évolution vise, selon lui, à concilier modernisation du droit du travail et stabilité sociale.

Dans une intervention en visioconférence, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a insisté sur la régulation comme pilier de la transparence et de l’inclusion. Il a évoqué trois priorités: redéfinir les relations entre plateformes et entreprises locales, garantir la transparence des algorithmes et des politiques tarifaires, et renforcer la protection du consommateur, notamment en matière de données. Le ministre a également annoncé la préparation d’un projet de loi sur le commerce électronique et le lancement d’une étude nationale destinée à repenser la stratégie publique dans ce domaine. Deux initiatives technologiques verront prochainement le jour: la plateforme «TijarIA », consacrée à la donnée commerciale, et «MRTB–Moroccan Retail Tech Builder», dédiée à l’accompagnement des startups de l’e-commerce.

«La dimension internationale du débat a été soulignée par Luz Maria de la Mora, représentante de la CNUCED, qui a salué les efforts du Maroc pour adapter sa législation à l’économie numérique, notamment depuis la révision de la loi sur la concurrence en 2020», écrit Finances News. Elle a toutefois insisté sur la nécessité d’une coopération régionale renforcée en Afrique, les plateformes opérant bien souvent au-delà des frontières nationales. «Une action isolée ne suffit pas face à des acteurs mondiaux», a-t-elle averti.

Le patronat, représenté par Chakib Alj, président de la CGEM, a appelé à considérer les plateformes avant tout comme des vecteurs de compétitivité et de croissance. Il a encouragé les entreprises marocaines à mieux exploiter la donnée client, à diversifier leurs canaux de distribution et à construire des marques fortes. Selon lui, «la progression annuelle du e-commerce au Maroc, estimée à près de 30%, et la hausse de 20% des transactions en ligne témoignent du potentiel considérable du secteur, à condition d’en garantir l’équité concurrentielle».

Par La Rédaction
Le 05/11/2025 à 19h58