Le Haut commissariat au plan (HCP) vient de diviser par deux ses dernières prévisions de croissance (2,6%), rejoignant les pronostiques du Centre marocain de conjoncture (CMC). Désormais, l’institution de référence en matière de prévisions économiques ne table plus que sur une croissance très faible de 1,3%, soit la moitié de sa prévision de juin 2015. Il s’agira de la plus faible croissance enregistrée depuis 1999.
La faute au retard ou à l’absence de la pluie. «La campagne 2015/2016 risque, ainsi, de figurer parmi les années les plus sèches qu’ait connues le pays», a souligné le Haut Commissaire du plan, Ahmed Lahlimi Alami, lors de la présentation du Budget économique prévisionnel 2016. Cette révision à la baisse du taux de croissance s’explique par le retard inquiétant des pluies.
La sécheresse est désormais l’une des hypothèses sur lesquelles se basent les conjoncturistes du HCP. Ainsi, pour eux, la valeur ajoutée agricole devrait baisser de l’ordre de 10,2% en 2016 (la baisse était de 20,8% et 41% lors des sécheresses de 2007 et 1995). L’agriculture irriguée, la production arboricole, les réserves de fourrages et le Plan Maroc Vert devraient amortir une partie de l’effet de la sécheresse.
Faible croissance des secteurs non agricoles
Outre le secteur agricole, les secteurs textile et agroalimentaire continuent de perdre du terrain en termes de contribution à la croissance. A côté, «les secteurs émergents des nouveaux métiers mondiaux du Maroc, comme l’automobile et l’aéronautique, dont la production connaît une dynamique remarquable depuis 2010, ont, certes, amélioré le niveau de compétitivité de nos exportations, mais ne parviennent pas à créer un effet d’entrainement sur l’appareil productif et à relever, ainsi, substantiellement la valeur ajoutée du secteur non-agricole», fait remarquer le Haut Commissaire.
Ainsi, outre le repli de la valeur ajoutée agricole, cette faible croissance serait aussi la conséquence d’un faible taux de croissance des activités non-agricoles, estimée à seulement 2,2% pour 2016. C’est dire que la réduction de la dépendance de la croissance du PIB du secteur agricole est encore une chimère.
La croissance demeure encore liée à la clémence du ciel et ce, malgré les nombreux plans sectoriels mis en place au cours de ces dernières années et dont l’apport au niveau de la valeur ajoutée et de la création d’emploi reste encore globalement faible.
La demande intérieure ne soutient plus,…
Par ailleurs, cette faible croissance serait également la conséquence d’une demande intérieure qui marque un certain ralentissement alors qu’elle a été l’un des moteurs essentiels de la croissance au cours de ces dernières années. Ce ralentissement s’expliquant essentiellement par un effort d’investissement moins soutenu et la baisse de la consommation.
Sur la consommation des ménages, le HCP table sur une évolution de 2,9%, soit le plus faible taux de ces 8 dernières années. Le manque de visibilité des ménages et la baisse de leur pouvoir d’achat expliquent grandement cette situation.
Pourtant, plusieurs facteurs concourent à l’amélioration de la consommation intérieure : l’abondance relative de la liquidité, l’amélioration des réserves en devises, l’augmentation des transferts des MRE, la maîtrise relative de l’inflation, etc. Parallèlement, l’investissement brut poursuit sa tendance baissière enclenchée au cours de ces dernières années dans le cadre des politiques visant à privilégier les équilibres macro-économiques. Il devrait ainsi s’établir autour de 29,6%.