Evoquer les détournements du circuit de la farine subventionnée est une périlleuse aventure. Un commerçant de la ville d'El Hajeb en a fait l'amère expérience. En juin 2013, ce nouveau commerçant agréé dans la distribution de la FNBT subit un chantage de la part d'intermédiaires occultes. C'est ce que nous raconte le quotidien Les Inspirations Eco du 12 novembre, qui publie une enquête à ce sujet.
Du côté du gouvernement, on reconnaît la relation «problématique entre moulins et commerçants». Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales, affirme qu'il y a «une complicité entre les deux parties et cette relation doit être revue». Les divers abus constatés dans le système de la FNBT ont été confirmés par trois rapports de la Cour des comptes en 2008, 2013 et 2014.
Le rapport de 2008 avait réalisé une enquête sur ce circuit. Sur 15 commerçants visités par les magistrats de la Cour, seuls quatre avaient reçu leur quota. «La quantité totale de farine nationale de blé tendre non livrée correspondant à cet échantillon est de 4582 quintaux, ce qui correspond à un montant de 685.619 dirhams de prime de compensation touchée indûment par des minotiers». Et la situation n'a visiblement pas changé ces dix dernières années.
La région Casablanca-Settat bénéficie de quantités importantes de FNBT. En juin et juillet 2018, quelque 241.000 tonnes devaient être distribuées dans les communes pauvres et celles estampillées INDH. Pourtant, de plusieurs sources associatives affirment qu'ils n'ont jamais bénéficié de farine subventionnée. L'autre forme de fraude consiste en la hausse illégale du prix public de vente de la FNBT. La Cour des comptes avait estimé celle-ci à 30%.
Face à ces pratiques où se mêlent fraudes, détournement du circuit de distribution et absence de contrôle, les responsables publics affichent des postures ambivalentes. Le ministre Daoudi s'en remet aux citoyens auxquels il demande d'être vigilants pour alerter sur les cas de fraude.