Dans son numéro de ce jeudi 25 décembre, le quotidien arabophone Al Akhbar réalise une enquête sur la situation des retraités de la Régie des Tabacs acquis en premier lieu par la compagnie Altadis avant sa cession à la société britannique Imperial Tobacco. Selon la publication, les opérations de réduction des effectifs de la régie des Tabacs s’opéraient dans le cadre de la «rationalisation des ressources humaines» et de «la restructuration industrielle», ajoutant que le dossier des retraités a fait l’objet d’une étude menée par un cabinet spécialisé en collaboration avec la Direction des assurances et de la prévoyance sociale au ministère des Finances et une commission de retraire composée des représentants de l’administration et des employés.
Après moult rounds de dialogue social entre l’administration de la Régie, la Commission de retraite et le ministère des Finances, il a été décidé d’intégrer le régime de retraite interne de la Régie des Tabacs dans le Régime Collectif d’Allocations de Retraite (RCAR), précise le journal. Ainsi, les pensions des retraités et les droits de retraites des employés actifs au 31 décembre 2002 ont été transférés au RCAR en contrepartie d’un enveloppe budgétaire de l’ordre de 3.429 millions de dirhams, en vertu d’une convention conclue entre le RCAR et l’administration de la régie sous la supervision du ministère des finances. D’après les retraités, cités par le quotidien, l’Etat devait verser la différence du montant de la retraite estimée à 800 millions dirhams répartis entre tous les retraités concernés, mais rien n’a été fait. Et le journal de préciser que l’opération de départ volontaire entamée par Altadis et adoptée par son successeur Imperial Tobacco a entrainé le départ de 1.200 employés parmi les 2.300 postes stables, soit 53% de l'effectif ainsi qu'à la fermeture de trois unités industrielles à Kénitra et Tétouan.
Cité par Al Akhbar, un responsable de la Régie a souligné que le problème des retraités concerne l’Etat qui a procédé à la privatisation du secteur. «C’est l’’Etat qui doit satisfaire les revendications des retraités et trouver une solution à leurs problèmes en s’acquittant du budget mentionné dans l’accord de privatisation», a-t-il insisté. Un document adressé par le ministre des finances à l’administration de la société Altadis révèle, selon les retraités, que les choses n’allaient pas dans la bonne direction. Datée du 2 février 2005, cette missive constate que la restructuration des moyens de production après la fermeture de l’usine de Casablanca a entrainé le redéploiement de 300 agents et que le nombre d’agents mis à la retraite dans le cadre de l’opération de départ volontaire a atteint 861 cas. Ceci s’inscrit en contradiction avec les engagements d’Altadis contenus dans le cahier des charges de la privatisation notamment en ce qui concerne l’assistance technique en matière de culture de tabacs, le transfert des compétences et techniques dans le domaine de la production, l’amélioration des produits locaux et le maintien des postes d’emploi et des moyens de production, ajoutent encore les retraités toujours cités par la publication.
Pour défendre leurs droits, les retraités de la Régie des tabacs se sont regroupés au sein d’une association et entamé leur combat, lequel sera appuyé par l’apparition d’un document sous forme d’étude internationale qui fixe le montant forfaitaire supplémentaire de 640 millions de dirhams qu'Altadis et la Régie des Tabacs doivent verser aux agents mis à la retraite et ayant exercé 30 ans de service effectif. Ce montant pourrait atteindre 800.000 dirhams si l’agent a accompli 21 ans de service effectif.