Après une série de désengagements sur le continent africain, Standard Chartered semble opérer un retournement stratégique.
La banque britannique, classée 44ᵉ au rang mondial, avec 823 milliards de dollars d’actifs, étudie sérieusement son implantation au Maroc, selon une déclaration de Chris Egberink, responsable Afrique du Sud du groupe, indique le magazine Jeune Afrique qui cite l’agence Bloomberg.
Cette annonce intervient dans un contexte particulier, écrit-on, car ces derniers mois, Standard Chartered a cédé ses filiales en Angola, au Cameroun, en Gambie, en Sierra Leone et en Tanzanie au groupe nigérian Access Bank.
D’autres retraits sont envisagés en Ouganda, en Zambie et au Botswana. Objectif: se délester de marchés jugés peu rentables dans un environnement réglementaire de plus en plus exigeant, notamment sous l’effet des normes Bâle IV.
Standard Chartered privilégie désormais les marchés offrant un fort potentiel sur des segments premium, notamment la gestion de fortune, le financement de projets structurants et l’accompagnement des grandes entreprises, précise Jeune Afrique.
Après l’Afrique du Sud et l’Égypte, le Maroc apparaît comme une évidence. Le pays bénéficie d’une stabilité politique rare en Afrique, de perspectives économiques solides et d’un rôle central dans les dynamiques régionales, notamment en matière de transition énergétique et d’infrastructures liées à la Coupe du Monde 2030.
«L’implantation de Standard Chartered au Maroc est logique. Le pays représente une opportunité stratégique à moyen et long terme», analyse Kais Kriaa, dirigeant de la société financière AlphaMena, cité par le magazine.
Alors que la banque a créé une filiale de zéro en Égypte, une implantation plus rapide au Maroc pourrait passer par l’acquisition d’un acteur local.
Parmi les cibles potentielles, figure BMCI, filiale de BNP Paribas ou CFG Bank. Bank of Africa (BoA) pourrait accueillir Standard Chartered au capital à hauteur de 30 à 50%, suppose Jeune Afrique.
«Une prise de participation significative dans une banque de premier plan comme BoA permettrait à Standard Chartered de s’implanter efficacement, sans passer par la complexité d’une acquisition totale», estime Haddi Gharib, président de l’Association des analystes financiers du Maroc.
L’arrivée d’un acteur global comme Standard Chartered serait une première au Maroc pour une banque britannique. Au-delà des aspects concurrentiels —notamment face à Access Bank qui vise aussi le marché— cette implantation renforcerait la diversification du paysage bancaire national et pourrait ouvrir la voie à un renforcement des liens avec l’Asie, région d’où proviennent près de 80% des revenus de la banque.
BNP Paribas s’est abstenue de tout commentaire, tandis que les autres banques sollicitées n’avaient pas répondu au moment de la publication, précise le magazine.








