Lors de la rencontre tenue à Casablanca le mercredi 22 janvier, Fouzi Lekjaâ, ministre du Budget, et les représentants de la CGEM ont adopté un ton plus pragmatique qu’à leur habitude. Le quotidien L’Economiste en fait le constat dans son édition du vendredi 24 janvier. Parmi les thèmes majeurs abordés: la lutte contre l’informel, la fraude fiscale et le soutien aux startups, le Maroc accusant du retard par rapport à des pays africains comme l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Nigeria ou le Kenya.
Selon le ministre, il serait erroné de croire que la fiscalité pourrait suffir à résoudre le problème de l’informel. Pour relever ce défi, une approche concertée et structurée est nécessaire, avec une feuille de route claire et une évaluation rigoureuse des mesures déjà mises en place.
Lekjaâ a révélé avoir joué un rôle actif dans l’abandon de certaines propositions fiscales jugées excessives, telles que la retenue à la source sur les importations. Ces mesures, selon lui, auraient pu avoir des conséquences indésirables. Il a insisté sur l’importance d’un travail collectif et réfléchi pour progresser. De son côté, Younes Idrissi Kaitouni, directeur général des Impôts, a appelé à une responsabilité collective pour intégrer l’informel. Il a exhorté les entreprises à s’assurer que leurs fournisseurs respectent les obligations fiscales, rappelant que le choix des partenaires commerciaux constitue un levier essentiel pour réduire la concurrence déloyale et sécuriser leurs activités face aux risques fiscaux.
En matière de lutte contre la fraude fiscale, des progrès notables ont été réalisés. La mise en place de la retenue à la source, effective depuis juillet 2024, a permis de mobiliser 1,7 milliard de dirhams en seulement cinq mois. Parallèlement, la TVA a enregistré une hausse remarquable de 22 % en 2025. Ces résultats reflètent les efforts d’élargissement de l’assiette fiscale et d’optimisation du recouvrement. Pour comparaison, entre 2000 et 2019, une augmentation de 10 milliards de dirhams avait nécessité une décennie.
Cependant, des défis subsistent. Les niches de fraude fiscale restent un problème majeur. «Il est impératif de s’attaquer à ces pratiques à leur source. Ce n’est pas seulement une mission de l’administration fiscale, mais une responsabilité collective», a insisté Kaitouni, repris par L’Economiste.
Concernant les startups, une nouvelle réglementation des changes, visant à introduire davantage de souplesse et de facilités, est en cours de préparation. Selon Driss Bencheikh, directeur général de l’Office des changes, ce projet, en concertation avec la CGEM et le GPBM, devrait être opérationnel dès 2026. L’objectif est de soutenir les startups et entreprises innovantes souhaitant s’internationaliser. Actuellement, la réglementation impose des conditions peu compatibles avec la nature des startups: trois ans d’ancienneté, un investissement dans le même secteur d’activité et un plafond de 200 millions de dirhams.
Ces exigences sont en décalage avec les besoins des startups, qui reposent souvent sur des idées novatrices et une expansion rapide. Un nouveau régime spécial prévoit de réduire la condition d’ancienneté à moins de trois ans et de fixer un plafond adapté, en concertation avec les parties prenantes.