Dans le cadre de la 3e édition de l’évènement «Africa Place Marketing», le Conseil régional du tourisme (CRT) de Casablanca-Settat a organisé, ce mercredi 30 novembre 2022 à Casablanca, en partenariat avec Casa Event & Animation, la première édition du Forum africain du tourisme de Casablanca (FATC).
Ce forum a réuni des experts, des professionnels du tourisme et des chercheurs marocains et africains autour de deux thèmes: «Mobilité continentale» et «Marketing territorial touristique». Le focus a ainsi été mis sur la promotion et le développement du tourisme intra-africain et les moyens permettant de relever les différents défis qui entravent le développement du tourisme continental en Afrique.
Des potentialités «incroyables»«Notre continent a des potentialités touristiques naturelles et culturelles incroyables», a souligné Othmane Chérif Alami, président du CRT Casablanca-Settat. Représentant environ 10% du PIB africain, le tourisme est ainsi l’un des moteurs principaux de la création de richesse du continent, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, ce secteur continue à réaliser des avancées importantes. D’après le président du CRT Casablanca-Settat, la progression du tourisme africain est «réelle et significative», et les chiffres en attestent.
«Entre 2010 et 2018, la part des voyageurs internationaux en Afrique subsaharienne a augmenté de 4,4%, soit 43 millions de touristes en 2018. En parallèle, les revenus ont augmenté de 7% pour atteindre plus de 23 milliards d’euros en 2018. En 2019, l’Afrique a accueilli 84 millions de touristes», a-t-il souligné.
Lire aussi : Reprise post-crise: à Marrakech, le Conseil exécutif de l'OMT anticipe sur les risques pesant sur le tourisme mondial
Le même constat a été partagé par Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), qui a estimé que «la diversité est une richesse, et l’Afrique est une terre de diversité». De ce fait, a-t-il ajouté, «beaucoup de pays africains sont déjà à des niveaux importants de récupération du trafic touristique».
Des freins qui persistentSi le continent offre d’innombrables destinations touristiques uniques, aussi bien par la beauté de leur nature que par la richesse de leur histoire, celles-ci n’attirent pas autant de touristes africains qu'attendu, a fait remarquer Othmane Chérif Alami, qui considère que la mobilité africaine reste réduite pour plusieurs raisons.
«La mobilité continentale africaine est malheureusement entravée par des problématiques d’obtention de visas touristiques et de disponibilité d’une offre aérienne adaptée et au juste prix», a-t-il regretté. D’après lui, si l’Afrique «a été le continent ayant le plus souffert de la baisse des arrivées en période de pandémie», c’est justement parce que ces problématiques empêchent le continent d’attirer des touristes africains et freinent le développement ses territoires.
Abordant le même point, le président de la CNT a souligné: «cette crise nous a montré que pour être plus résilients, il faut s’occuper d’abord du marché interne et du consommateur local. Le tourisme intra-africain aurait pu sauver la mise, encore faut-il lever les freins».
Lire aussi : Tourisme: un taux de récupération de 80% à fin octobre, selon Fatim-Zahra Ammor
Un autre défi a été relevé par Khaled El-Enany, ancien ministre du Tourisme et des Antiquités d’Egypte, égyptologue et professeur universitaire: la faiblesse des investissements. «Il existe une démotivation des investisseurs à investir dans le tourisme en Afrique pour des raisons diverses. Pour quelques pays, c’est la perception d’instabilité et d’avoir quelques risques. Je crois qu’on ne donne pas assez d’avantages aux investisseurs», a-t-il expliqué.
Quelles pistes de solutions?Pour développer le tourisme intra-africain, les opérateurs du continent n’ont pas à aller loin pour trouver des solutions. «Il y a des idées à prendre dans chacun des pays africains, et il y a de bonnes pratiques partout dans le continent», indique Hamid Bentahar, insistant sur l’importance d’«une collaboration élargie» et de «partager les expériences».
Et c’est dans cet esprit d’échange que Khaled El-Enany a partagé l’expérience de son pays, l’Egypte, qui enregistre aujourd’hui un taux de récupération du tourisme de 100% par rapport à 2019. Ambitionnant d'attirer plus de touristes africains, cet ex-ministre a fait savoir que son ancien département a opté pour deux mesures principales: proposer des tarifs préférentiels aux visiteurs en provenance du continent et simplifier la procédure d’obtention de visas.
Lire aussi : Tourisme: l’Afrique du Sud retrouve des couleurs grâce aux Africains
Pour sa part, Khouadio Marcel Gougou, président du Réseau africain des professionnels du tourisme (RAPT), a indiqué que le tourisme intra-africain ne peut réaliser son vrai potentiel qu’«à la seule condition de favoriser la mobilité aérienne».
Cela nécessite, selon lui, des réformes en profondeur au niveau continental, telles qu’une procédure de demande de visa tourisme 100% en ligne, la suppression de certaines taxes sur les billets d'avion et la mise en œuvre du protocole sur la libre circulation des personnes en Afrique.
Une autre recommandation partagée par le président du RAPT est inspirée de l’expérience marocaine. Il s’agit de la mise en place un «Plan Kounouz Biladi» africain proposant des packages de différents opérateurs africains avec des tarifs de transport aérien préférentiels.