«Le taux de change est un point d’ancrage essentiel pour toute politique économique; c’est valable au Maroc comme ailleurs». Cette constante de toute politique monétaire est rappelée dans les colonnes de l’Economiste qui, dans son édition du 19 mars, publie une interview de Christian de Bossieu, professeur émérite à l’Université de Paris I, au Collège d’Europe et à l’Université catholique de Lille.
Pour le membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF), la politique de change pilotée par Bank Al-Maghrib est à la fois raisonnable et pragmatique. Pas de dévaluation compétitive, pas de changements brutaux, un pragmatisme croissant et de bon aloi, la volonté d’ancrer et de stabiliser les anticipations à l’intérieur comme à l’extérieur… Autant de caractéristiques recensées par Christian Boissieu.
L’ancien président du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre français, de 2003 à 2012, estime que la formule d’ancrage du dirham au panier de devises permet une certaine souplesse. «Alors qu’au plan mondial les changes flottent, le Maroc pratique un taux de change stable mais ajustable de temps à autre», affirme-t-il. Il considère par ailleurs qu’il faut rester sur une ligne de crête entre des objectifs parfois contradictoires et se soucier de la compétitivité-prix des entreprises sans alimenter pour autant l’inflation à l’intérieur via l’inflation importée. Les mêmes entreprises qui réclameraient un coup de pouce grâce à une flexibilité accrue du change pourraient en même temps avoir à se plaindre du coût de couverture des risques de changes en augmentation. En gros, avec la flexibilité des changes, difficile de prétendre seulement à des évolutions favorables…