Fiscalité: ce sont toujours les mêmes qui paient

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Revue de presseKiosque360. Alors que les pouvoirs publics font de l'élargissement de l'assiette fiscale leur cheval de bataille, force est de constater que ce sont toujours les mêmes qui paient l'impôt... et ils sont peu nombreux!

Le 07/04/2019 à 20h28

Qui paie vraiment l’impôt au Maroc? C’est la question que se pose l’Economiste dans sa Une du lundi 8 avril, soit quelques semaines avant la tenue des assises de la fiscalité, événement où devraient être évoquées plusieurs des problématiques liées à la fiscalité au Maroc. Parmi celles-ci, il y a cette concentration de l’impôt sur une poignée de contribuables alors que l’un des enjeux de la performance fiscale dans le royaume est l’élargissement de l’assiette et le renforcement du civisme fiscal.

Comme le rapporte le quotidien, actuellement, moins de 1% des entreprises génèrent 80% des recettes de l’impôt sur les sociétés. Idem pour la TVA dont 70% des recettes sont reversées par 0,66% des contribuables. L’impôt sur le revenu n’est pas en reste puisque les salariés à eux-seuls s’acquitte de 73% des revenus que perçoit le fisc de cette catégorie d’impôt.

Pour le journal, il ne fait aucun doute que ce point devrait être soulevé lors des prochaines assises de la fiscalité, prévues début mai. Et pour cause, l’une des principales orientations fixées pour l’événement est l’élargissement de l’assiette fiscale de manière à réduire la pression fiscale qui pèse sur une catégorie de contribuables.

Par ailleurs, force est de rappeler que la fiscalité dans le royaume souffre de distorsions, niches et exonérations qui coutent à l’Etat un manque à gagner de plus de 28 milliards de dirhams. A cela, comme le souligne l’Economiste, il faut rajouter la fraude et l’évasion fiscale. Aujourd’hui, la Direction générale des impôts (DGI) fait de la gestion de la Data son cheval de bataille pour traquer les anomalies et multiplier les contrôles sur les catégories de contribuables considérés comme à risque, surtout ceux qui sont dans le confort et s’estime «hors impôts».

En attendant de voir ce que les assises de la fiscalité apporteront de nouveau dans le régime fiscal, il y a lieu de rappeler que l’Etat dégage aujourd’hui plus de 50 milliards de dirhams de l’IS, un impôt qui, certes, croit ces dernières années, mais qui est concentré sur une catégorie de contributeurs, notamment les entreprises financières ou opérant dans le secteur des assurances avec 28% du total des recettes.

Pour ce qui est de l’IR, les recettes ont atteint 42 milliards de dirhams l’année dernière. Cependant, il faut garder en tête que ce montant a principalement été versé par les salariés du secteur privé qui en génèrent plus de 40%. Selon l’Economiste, les salariés touchant plus de 80.000 dirhams par an (environ 6 000 dirhams par mois), versent plus de 94% des recettes de l’IR du secteur privé.

Enfin, sur le volet de la TVA, le quotidien économique écrit que moins de 1% des entreprises collectent et reversent 70% des recettes de cette taxe qui constitue le premier contributeur aux recettes du budget général de l’Etat. Alors, les assises de la fiscalité pourront-elles rééquilibrer les choses? La question reste posée.

Par Fayza Senhaji
Le 07/04/2019 à 20h28