Dans son numéro de ce jeudi 22 janvier, le quotidien Al Massae consacre un dossier sur les opportunités ratées par le Maroc de bénéficier de cette tendance baissière des prix du baril de pétrole et du blé sur les marchés mondiaux à travers le développement des unités de stockage des matières premières.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) , la demande mondiale de pétrole pour le premier trimestre 2015 devrait se situer à 92,5 millions de barils par jour, après qu’elle avait dépassé 93,3 mbj durant le dernier trimestre de 2014, dégageant ainsi un excédent de près d’1 million de barils/J et entrainant une chute des prix de l’or noir, relève le journal.
Même trend baissier pour le prix du blé, qui, selon les prévisions des bourses mondiales, subira les effets d’entrainement de la chute des cours de pétrole, ce qui aura un impact positif sur les pays importateurs de cette denrée alimentaire, précise le quotidien qui se pose la question : Pourquoi le Maroc ne met-il pas à contribution cette conjoncture exceptionnelle pour se procurer des quantités importantes de ces deux produits et les emmagasiner, sachant que leurs prix sont appelés à augmenter au plus tard l’année prochaine ?
Stocks stratégiques pour se prémunir
Il est évident que les stocks stratégiques sont d’une grande importance pour chaque pays. Ainsi, l’AIE a exhorté les pays à se doter de stocks stratégiques de 90 jours pour les matières premières et les produits pétroliers raffinés. Pour l’UE, chaque Etat membre est tenu de constituer et de constamment maintenir un niveau minimal de stocks de produits pétroliers équivalant au moins à 90 jours de la consommation intérieure journalière moyenne pendant l’année civile précédente.
Au Maroc, les stocks stratégiques sont réglementés par des textes explicites. Ces derniers prévoient des stocks stratégiques de pétrole brut de 30 jours pour les raffineries et de 60 jours pour les distributeurs, rappelle la publication qui constate que l’arsenal juridique mis en place pour garantir des stocks stratégiques est resté lettre morte.
Néanmoins, le ministère chargé de l’énergie procède au contrôle du respect de la Constitution des stocks stratégiques par les différents acteurs, souligne Al Massae, notant que les données du département chargé de l’énergie montrent qu’en 2012 les stocks stratégiques du gasoil ne dépassent pas les 47 jours et 28 jours pour le butane, alors que ceux de l’essence peuvent couvrir une période de 72 jours.
Et de relever que les capacités de stockage des produits pétroliers n’ont pas affiché une importante progression dans la mesure où la plupart de ces unités de stockage ont été constituées par le passé et n’ont pas connu d’extension. De même, les mécanismes misent en place pour motiver les acteurs et élargir les capacités de stockage n’ont pas été déployés de façon appropriée.
Constat peu reluisant
Même constat pour le stockage du blé qui, selon les données de l’Office interprofessionnel du blé et des céréales (ONICLE), ne dépassera pas les 31 millions et 165 mille quintaux répartis entre les unités de stockage internes (30.665.000 qx) et les silos de blé dans les ports (2.500.000 qx), ce qui signifie que plus de 56 millions qx sont stockés de façon traditionnelle.
Pour faire face à la faiblesse des structures de stockage au Maroc, les pouvoirs publics ont eu recours à la politique de soutien aux mécanismes spéciaux de stockages à travers l’octroi de bourses aux minoteries et aux coopératives agricoles, mais ce procédé n’a pas abouti au résultat escompté en ce sens qu’il a été utilisé pour engranger plus de bénéfices.
Selon les professionnels du secteur, l’absence de mécanismes de contrôle au sein de l’Office a ouvert la voie de tricherie pour certaines personnes malhonnêtes qui déclarent des quantités fictives de blé pour obtenir plus de bourses de stockage, expliquant que l’absence de factures qui précisent les quantités vendues aux minoteries et aux coopératives, favorisent le fait pour les unités de stockage de s’adonner à ce genre d’agissements illégaux.