Les Marocaines ont de plus en plus de difficultés à trouver un emploi ces dernières années. Leurs chances d’en décrocher un sont d’autant plus maigres que leur niveau d’instruction est élevé. De même que celles qui vivent en milieu urbain ont encore moins de chances à en trouver que leurs concitoyennes du monde rural. Telles sont les conclusions d’un rapport élaboré par le ministère des Finances et le Centre des études et de recherches de l’OCP, reprises par le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition des 11 et 12 mars.
Le taux d’activité des femmes est de près de 25% en 2014 contre 72,4% pour les hommes, soit un écart de plus de 47 points. Le taux d’activité des femmes marocaines était de 30% en 1999, rappelle le journal. En outre, l’écart entre l’activité des femmes et celle des hommes est davantage significatif en milieu urbain, où le taux d’activité des hommes est plus de trois fois supérieur à celui des femmes, contre un écart de plus du double en milieu rural.
Les femmes urbaines, notamment celles ayant des diplômes supérieurs, sont plus concernées par le chômage, avec un taux moyen de 22,8% entre 1999 et 2014 contre 14,9% pour les hommes, soit un écart de près de 8 points, précise de rapport cité par le journal. Selon la même source, la situation des femmes en milieu rural n’est pas plus reluisante. Celles-ci souffrent plutôt d’une discrimination en termes d’accès à un travail rémunéré. L’écrasante majorité des femmes rurales actives en 2013 ont le statut d’ «aide familial» et «apprenti», qui sont des occupations non rémunérées.
Globalement, ce rapporte élaboré par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du l'Économie et des finances, et OCP Policy Center, précise que les femmes gagnent environ 17% de moins que les hommes. Et cela, malgré le recul des disparités salariales entre les deux sexes, et l’égalité dans le niveau académique et les expériences professionnelles.
Le rapport, après avoir mis en avant les avancées qui ont été enregistrées dans le domaine de la scolarisation des petites filles, estime toutefois que le taux de déperdition et celui d’analphabétisme demeurent élevés, surtout chez les filles rurales. Par ailleurs, parmi les raisons de ces inégalités en termes d’accès aux opportunités économiques entre les hommes et les femmes, le partage inégal du travail domestique entre les deux sexes est pointé du doigt. Ainsi, les femmes consacrent sept fois plus de temps aux activités domestiques que les hommes. Par ailleurs, l’enquête fait apparaître la faible participation féminine à la vie professionnelle en comparaison avec celle des hommes, qui consacrent quatre fois plus de temps aux activités professionnelles.
De même, l’accumulation du travail domestique et du travail professionnel représente pour la femme active une charge de travail plus lourde que pour la femme au foyer (9h03mn pour la première contre 6h02mn pour la seconde). Et ce, contrairement à l’homme, dont le temps de l’activité domestique ne subit pas de changements marquants, quel que soit le type d’activité (42min pour l’homme actif et 48min pour celui inactif).
Selon le rapport, le taux de participation des femmes au marché du travail est influencé par le niveau de la transformation structurelle de l’économie nationale, qui n’offre pas suffisamment de débouchés en termes d’emplois adaptés aux femmes. En même temps, la prédominance de secteurs à forte intensité en main-d’œuvre et peu qualifiée, comme l’agriculture et le textile et cuir, limite également l’insertion en milieu professionnel des femmes diplômées. Ce processus de transformation expliquerait, en partie, le lien entre les niveaux d’éducation secondaire et supérieur des femmes et leur participation au marché du travail.