Le multimilliardaire estime qu'en ne lui transmettant pas toutes les données qu'il réclame sur le sujet, Twitter enfreint ses obligations, selon une lettre adressée au réseau social et publiée sur le site de l'autorité américaine des marchés financiers (SEC).
Aussi Elon Musk se réserve-t-il le droit «de ne pas finaliser la transaction», est-il ajouté.
La plateforme a réagi en affirmant dans un message à l'AFP qu'elle partageait des informations avec Elon Musk «conformément à l'accord passé» et qu'elle avait bien l'intention de mener la transaction à son terme, au prix convenu.
Le patron de Tesla et SpaceX, qui a déposé en avril une offre de rachat du réseau social pour 44 milliards de dollars, a déjà mis en doute à plusieurs reprises les données transmises par Twitter sur les spams et les faux comptes et les mesures prises pour en limiter la prolifération. Et il a déjà menacé sur son compte Twitter de mettre l'accord «en suspens» pour cette raison.
Mais c'est la première fois qu'il le fait dans un document officiel.
Faire baisser le prixL'entrepreneur cherche des moyens de pression «afin de faire baisser le prix de l'offre ou complètement se retirer s'il le décide», avance Angelo Zino de la société CFRA.
Elon Musk, rappelle-t-il, avait renoncé à son droit d'examiner en profondeur les comptes du groupe avant l'annonce de l'accord.
Il est maintenant de plus en plus difficile «d'imaginer un scénario où cela ne se règle pas devant les tribunaux», relève l'analyste.
Les deux parties se sont engagées à verser une indemnité de rupture pouvant aller jusqu'à un milliard de dollars dans certaines circonstances.
L'une des conditions de l'opération, l'approbation tacite des autorités de la concurrence, a été remplie vendredi, après l'expiration du délai pendant lequel elles pouvaient lancer un examen approfondi.
A la Bourse de New York, l'action Twitter a reculé de 1,5% lundi pour clôturer à 39,56 dollars, bien loin du prix de 54,20 dollars proposé par Elon Musk en avril.
La faible ampleur de la baisse «reflète le scepticisme déjà profond des investisseurs quant à la finalisation de l’opération», avance Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
Twitter estime que le nombre de faux comptes et de spams sur le réseau social représente moins de 5% de ses utilisateurs actifs quotidiens.
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Mais Elon Musk affirme que la méthodologie employée par la plateforme n'est pas «adéquate» et qu'il doit mener sa «propre analyse».
Twitter a bien transmis un document le 1er juin mais uniquement pour proposer des détails supplémentaires sur sa méthodologie, est-il ajouté dans la lettre.
Or l'entrepreneur estime avoir besoin de plus d'informations pour préparer la transition et finaliser le financement de l'opération: de la proportion de faux comptes sur le réseau dépend la capacité à en tirer des revenus via la publicité ou les abonnements payants.
Enquête au TexasAllant dans le sens d’Elon Musk, le procureur général du Texas a annoncé lundi dans un communiqué avoir lancé une enquête pour déterminer si les faux comptes de Twitter représentaient bien 5% des abonnés, comme l'affirme le réseau social, ou plutôt jusqu'à 20% et plus, comme l'a avancé l'entrepreneur.
Ce qui reviendrait alors à «tromper» les consommateurs et entreprises du Texas.
Les services de Ken Paxton ont demandé à Twitter de transmettre d'ici le 27 juin des documents expliquant comme la plateforme calcule et gère les données sur ses utilisateurs.
Après de précédentes critiques d'Elon Musk, le patron du réseau social Parag Agrawal s'était fendu mi-mai d'une longue explication sur les mesures prises pour lutter contre les spams et faux comptes.
Parag Agrawal avait notamment indiqué que les chiffres de Twitter étaient «basés sur de multiples reproductions d'analyses humaines de comptes, qui sont sélectionnés de manière aléatoire».
Le fantasque entrepreneur avait répondu à ces explications par un émoji en forme de crotte. «Comment les annonceurs peuvent-ils savoir ce qu'ils paient vraiment ?», avait-il également tweeté. «C'est une question fondamentale pour la santé financière de Twitter.»