Délais de paiement: ce sont toujours les petits qui trinquent

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Revue de presseKiosque360. Malgré la promulgation d’une loi fixant le délai maximum pour le paiement des fournisseurs à 60 jours, force est de constater que la problématique est toujours d’actualité. Et bien entendu, ce sont les petites entreprises qui en font les frais.

Le 02/12/2018 à 20h29

Le Maroc a beau avoir instauré une loi fixant le délai maximum de paiement à 60 jours, la réalité du terrain montre qu’on est encore loin de ce niveau. En 2017 par exemple, la moyenne des délais de paiement se fixait à 83 jours tous secteurs confondus, sachant que dans certains cas, ils peuvent atteindre deux ans.

C’est ce que rapporte l’Economiste dans sa livraison du lundi 3 décembre, précisant que ce sont surtout les très petites entreprises (TPE) qui font les frais de ces délais allongés. Et pour cause, elles n’ont généralement aucun pouvoir de négociation avec leurs clients, surtout quand ces derniers sont de grandes entreprises, ou du moins de clients dont dépend la survie de la TPE.

Rapportant une déclaration de Khalid Ayouch, PDG d’Inforisk, le journal rappelle que cela fait dix ans que les délais de paiement se dégradent pour cette catégorie d’entreprises. Pourtant, ces dernières constituent 90% du tissu économique national et leur situation impacte de facto celle de toute l’économie.

Selon la même source, les TPE sont aujourd’hui payées sur une moyenne de 266 jours, un niveau certes loin de ce que prévoit la loi. Pour les petites et moyennes entreprises (PME), le délai moyen est ramené à 140 jours alors que les entreprises qui disposent d’une trésorerie solide ne paient pas avant un délai de 100 jours en moyenne.

L’Economiste fait remarquer que ces constats signifient en gros que plus l’entreprise est petite, plus elle peine à se faire payer. Surtout qu’une analyse des délais fournisseurs montre que les grandes entreprises se font également payer plus rapidement que les petites structures.

«En raison de l’allongement des délais de paiement, le Maroc se retrouve dans le même wagon de queue que la Chine, la Grèce et l’Italie», souligne Stéphane Colliac, économiste sénior chez Euler Hermes, cité par le journal.

La publication va encore plus loin en soulignant que d’après les experts, la situation est telle que les impayés sont devenus au Maroc un véritable outil de financement gratuit pour les entreprises qui leur permet de développer leurs activités en retardant au maximum le paiement de leurs fournisseurs.

C’est dire l’ampleur de la problématique, d'autant que différentes analyses concluent que ce n’est pas une loi qui peut changer la donne, mais plutôt une révolution dans l’état d’esprit des opérateurs économiques.

Par Fayza Senhaji
Le 02/12/2018 à 20h29