Citant l'Association nationale des producteurs de viandes de volailles (APV), L’Economiste rapporte, dans son édition du lundi 15 juin, que le secteur avicole paie cher le ralentissement économique dû au coronavirus. Les pertes, qui se montent à 1,4 milliard de dirhams, devraient atteindre 1,2 milliard dans la filière poulet de chair et 290 millions de dirhams dans celle de l'élevage durant la période allant du 20 mars au 30 juin 2020, précise l'APV dans un rapport sur l'impact des mesures d'urgence sanitaire sur ces filières.
Ces chiffres historiques n'ont jamais été enregistrés "dans les crises les plus graves que le secteur ait connues au cours de sa longue histoire de plus d'un demi-siècle". Cette Association, membre de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), indique également que les effets restrictifs de l'état d'urgence sanitaire sur la fluidité des produits dans les canaux de distribution habituels ont entraîné une baisse instantanée et drastique de la demande en poulet et en dinde et, par ricochet, une chute des ventes, un effondrement des prix à la ferme et une abondance des stocks de volailles vivantes invendues au niveau des fermes.
Les circuits de restauration hors foyers (restauration collective, cafés, restaurants, hôtels, événementiel, snacks et rôtisseries) et circuits de vif (en partie les riyacahtes et plus important encore les souks hebdomadaires en milieu rural), représentent plus de 50% du marché de commercialisation des poulets et une part significative du marché de la dinde.
A cette disparition soudaine de près de la moitié des débouchés, s'ajoute l'effondrement du pouvoir d'achat d'une frange importante de la population, conséquence de la perte d'emploi observée au niveau des différentes activités. En outre, les abattoirs industriels agréés croulent sous des stocks énormes de dindes abattues et invendues suite à l'arrêt de certains circuits d'écoulement des produits élaborés issus de la découpe, fait savoir l’APV.
Les volumes d'abattage de dinde se sont contractés de 350 tonnes (-58%), passant de 600 tonnes à 250 tonnes par jour, au moment où le stockage sur pied au niveau des fermes majore, par le poids, l'offre de plus de 40%. "Ces dysfonctionnements ont entraîné des pertes financières importantes chez les éleveurs. Leurs trésoreries se sont asséchées, menant plusieurs d'entre eux à des situations de quasi-faillite", souligne l'Association.