Lors du débat général sur le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026, Fouzi Lekjaâ, ministre chargé du Budget, a adopté un ton pédagogique pour répondre aux préoccupations des députés, notamment sur l’organisation de la Coupe du monde 2030. «Pour lui, la candidature du Maroc à cet événement sportif majeur dépasse le simple aspect sportif. Elle s’inscrit dans une vision stratégique visant à ouvrir le pays sur le monde et à renforcer sa visibilité internationale», rapporte le quotidien L’Economiste dans son édition du lundi 3 novembre. Cette initiative s’inscrit d’ailleurs dans un contexte plus large, marqué par le dynamisme culturel et scientifique que le Maroc a affiché ces dernières années.
Le ministre a tenu à rappeler que la Coupe du monde ne se résume pas au coût de construction d’un stade. Selon lui, cet événement constitue un levier de développement global pour le pays. «Le dossier de candidature marocain inclut des engagements dans des domaines variés, de la santé aux infrastructures, reflétant l’importance de disposer d’un système sanitaire conforme aux normes internationales pour pouvoir accueillir un tel rendez-vous», explique L’Economiste. Le ministre a également mis en avant l’exemple du stade Moulay Abdallah, construit en moins de deux ans par une centaine d’entreprises marocaines et ayant mobilisé plus de 10 000 travailleurs, pour illustrer la capacité du pays à accélérer la réalisation d’autres projets.
En matière de financement, Fouzi Lekjaâ a précisé que les coûts liés aux infrastructures ne figurent pas dans le budget général. Selon le montage prévu, la contribution annuelle de l’État serait limitée à environ 3 milliards de dirhams, un montant très faible comparé aux dépenses hors dette qui approchent les 500 milliards de dirhams. Le ministre a souligné que ces infrastructures ne sont pas uniquement destinées à la Coupe du monde, mais s’inscrivent dans une stratégie de développement national. L’événement international servirait plutôt d’accélérateur, permettant d’anticiper des réalisations prévues initialement pour 2030 dès 2028, sans alourdir l’endettement de l’État ou des établissements publics.
Pour convaincre de la nécessité de lancer ces grands chantiers, le ministre a cité le secteur touristique. Avec 17 millions de visiteurs enregistrés l’année dernière, et la perspective d’atteindre 20 millions l’année prochaine, le Maroc doit disposer d’aéroports capables de gérer cette affluence. La Coupe d’Afrique des Nations, prévue le mois prochain dans le royaume, représente d’ailleurs une opportunité pour créer deux saisons touristiques : celle de l’événement et la saison estivale classique. La ligne à grande vitesse (LGV), qui doit relier Marrakech, Agadir et d’autres villes, illustre également cette logique de connectivité nationale. Fouzi Lekjaâ a rappelé qu’une anticipation similaire avait été nécessaire pour l’autoroute Casablanca-Rabat dans les années 1980, dont la saturation a conduit à un triplement récent, un coût bien plus élevé que si l’extension avait été prévue dès l’origine.
La question des financements innovants a également été abordée. Selon le ministre, le recours à ces mécanismes, lancé en 2019 dans un contexte de crise et d’endettement élevé après la pandémie de Covid-19, a permis au Maroc de poursuivre ses investissements stratégiques, tout en réduisant le déficit budgétaire par une augmentation des recettes fiscales. Ces financements ont soutenu la santé, l’éducation, la protection sociale et le dialogue social, sans constituer une privatisation des actifs de l’État. Les hôpitaux, en particulier, restent sous gestion publique ; les opérations concernent uniquement les infrastructures elles-mêmes, utilisées pour générer des financements destinés à de nouveaux projets. Le résultat, selon le ministre, est un endettement maîtrisé, prévu autour de 66% du PIB en 2026 et de 60% en 2028, tout en maintenant le rythme des investissements essentiels au développement du pays.







