Alors que le secteur textile s’est révélé résilient depuis le début de la pandémie du Covid-19, le reconfinement, récemment acté dans plusieurs pays européens, aura été le coup de grâce. C’est en tout cas le constat alarmant dressé par l’hebdomadaire La Vie Éco. Dans ses colonnes, Fatima Zahra Alaoui, directeur général de l’Association marocaine des industries textile et de l’habillement (Amith), donne le tempo: “L’industrie textile connaît aujourd’hui la pire crise de son histoire. L’activité est en baisse et les opérateurs n’ont aucune visibilité sur les mois à venir.”
Les récentes statistiques de l’Office des changes confortent cette assertion: situé à 16,2% en janvier, le repli des exportations s’est aggravé un mois plus tard pour atteindre 17,5%. Selon La Vie Éco, cette aggravation s’explique par la régression de 18% de la filière confection. L’Amith relève par ailleurs que la baisse cumulée depuis novembre 2020 à février 2021 est estimée entre 20 et 25%. Autre chiffre alarmant: la part du secteur dans les exportations globales a perdu 1,8 point par rapport à la même période de l’année dernière, passant de 12,1% à 10,3%.
A en croire l’hebdomadaire, ces chiffres inquiètent sérieusement les opérateurs. Ces derniers, selon Fatima Zahra Alaoui, “n’ont plus aucune visibilité après l’annulation des commandes d’été suite aux nouvelles mesures restrictives de protection contre la Covid-19 décidées récemment par plusieurs pays européens face à l’évolution de la situation pandémique.” C’est que la fermeture des restaurants, des lieux de loisirs et le télétravail décidés dans ces pays impacteront directement les ventes d’habillement. Conséquence: annulation des commandes de la saison été 2021 par les donneurs d’ordre européen, notamment espagnol et français.
Cette situation pourrait se traduire dans les prochaines semaines par un arrêt d’activité des usines de sous-traitance au Maroc. “Grâce à d’énormes efforts, les industriels ont, certes pu, au cours de l’année dernière, préserver les emplois et continuer à tourner à 50% de leur capacité de production, mais actuellement cela semble impossible,” déplore Fatima Zahra Alaoui. Et de regretter que le secteur “connaîtra certainement des fermetures d’usines car il ne faut pas oublier que 60% des unités du secteur sont des petites et moyennes entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires moyen, variant entre 20 et 30 millions de dirhams.”