Collectif algérien: comment le Maroc "écrase" l'Algérie dans l'aérien

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Le Collectif contre la cherté des transports vers l’Algérie (CCTA) a publié ce 30 juillet une comparaison entre la Royal Air Maroc et Air Algérie. Prenant exemple sur la réussite de la compagnie marocaine, il appelle le pouvoir algérien à adopter l'open sky.

Le 30/07/2017 à 17h20

Le journal Le Matin d’Algérie reprend ainsi le communiqué du Collectif contre la cherté des transports vers l’Algérie (CCTA), publié ce 30 juillet, et intitulé: «La Royal Air Maroc surclasse Air Algérie!». Le collectif y dresse une comparaison sans concession entre les deux compagnies aériennes nationales.

Le communiqué du Collectif contre la cherté des transports vers l’Algérie indique que «les chiffres sont sans appel, la réalité cinglante et incontestable. Cet état de fait ne pourrait être démenti et contesté que par les idiots». Les chiffres dont il est question se réfèrent à la flotte, aux effectifs et aux résultats financiers réalisés par les deux compagnies de transport public, la Royal Air Maroc (RAM) et Air Algérie.

La RAM présente un parc d’aéronefs identique à celui de la compagnie algérienne soit 56 avions. Au Maroc, la RAM emploie 3.091 personnes, alors qu’Air Algérie compte 10.000 salariés. En termes de bénéfices, la compagnie marocaine génère 18 millions d’euros, alors qu’en Algérie, les pertes s’élèvent à 36 millions d’euros.

Pour le CCTA, il est incontestable que «la Royal Air Maroc est une compagnie moderne et performante: la star du Maghreb!». Il précise que la RAM vient d’être élue meilleure compagnie aérienne africaine pour l'année 2017 par le prestigieux organisme de consultation britannique Skytrax. Le communiqué rappelle toutefois que la compagnie marocaine ne fait pas l’objet de mesures exceptionnelles soutenues par l’Etat à l’instar d’Air Algérie. «Pas de subventions étatiques permanentes, pas de réseau de distribution hors norme comme les 150 agences d’Air Algérie (1 seule agence de la RAM en France contre 7 agences pour Air Algérie), une diaspora bien moins nombreuse», énonce-t-il.

Autre point nodal de cette comparaison, c’est la concurrence internationale à laquelle doit faire face la compagnie marocaine. «Le ciel marocain est ouvert, les compagnies low cost mondiales les plus redoutables, à l’image d’EasyJet de Ryanair, proposent des Paris-Marrakech à 20 euros!», souligne le collectif.

Et le collectif n’est pas tendre avec Air Algérie lorsqu’il affirme qu'«elle ne parvient plus à se réformer à l’image d’un mammouth à l’agonie incapable de se mouvoir. Tous les voyants et indicateurs sont au rouge depuis trop longtemps: déficits chroniques, sureffectifs, scandales à répétition, qualité de service plus qu’insuffisante, valse des PDG, bilans opaques et indisponibles, prix du billet inabordable, emplois familiaux». Et de conclure: «Air Algérie vit encore sous le régime communiste!».

Il souligne la position du pouvoir marocain qui a accepté la concurrence de la loi du marché international et que «la RAM en est sortie gagnante». Alors que «le pouvoir algérien a refusé la concurrence et l’opensky: Air Algérie en est sortie perdante et se retrouve dans l’impasse!». Et d’ajouter que «quand l’une est gérée dans la transparence et la rationalité économique et financière et que l’autre, à la dérive et otage d’une nomenklatura qui impose sa loi; alors le résultat ne peut être que prévisible sans surprise et sans appel: la RAM écrase Air Algérie!».

Puis, s’ensuit un plaidoyer virulent sur la gouvernance d’Air Algérie: «devenue depuis longtemps l’exclusive propriété d’une caste, d’un groupe qui a pris en otage tout un pays, tout un peuple! Caste qui bien sûr défend et veille avant tout à ses propres intérêts au travers de l’employeur familial Air Algérie: on y place enfants, amis, gendres, cousins, même les moins diplômés, de préférence à l’étranger ou à défaut en Algérie sur des postes "sur mesure" à très bons salaires, et dotés de nombreux avantages en nature (logements, primes, billets gratuits)!».

Pour les auteurs du communiqué, «Air Algérie doit cesser d’être une entreprise de recyclage pour fonctionnaires défectueux, un centre de placement pour amis, un centre de vacances pour la nomenklatura algérienne». Ils s’interrogent également sur le refus d’Alger de restructurer totalement cette entreprise publique.

Ils dénoncent les idées de propagande véhiculées par les politiques et les syndicalistes proches du pouvoir, qui défendent l’idée selon laquelle «l'ouverture du ciel algérien aux compagnies privées signifie l'atterrissage de Netanyahu à Alger», ou encore «toucher Air Algérie, c’est toucher à la souveraineté nationale!». Ils rappellent un sondage réalisé auprès de la population algérienne, qui montre que plus de 80% d’Algériens réclament l’ouverture du ciel algérien à la concurrence et au low cost!

Le CCTA appelle les décideurs à prendre leurs responsabilités et à ouvrir le ciel algérien à la concurrence internationale, et ce, dans l’intérêt du pays et du peuple algérien.

Par Imane Azmi
Le 30/07/2017 à 17h20