Annoncée en mai dernier, la cimenterie d’Atlantic Ciment se précise. En effet, la filiale d’Anouar Invest vient de conclure un accord avec le chinois Chengdu Design&Research Institute of Building Material Industry (CDI) pour ériger une unité de production de 2,2 millions de tonnes de capacité annuelle. Au total, elle compte y injecter quelque 3 milliards de dirhams. Comme Ciment de l’Atlas d’Anas Sefrioui, quelques années avant lui, Atlantic Ciment a choisi le bassin de Settat pour sa première installation. Les travaux devraient démarrer durant le premier semestre 2015 pour un début d’exploitation trois ans plus tard, en 2018.
En choisissant la zone du Centre, Atlantic Ciment entend prendre sa part dans le plus grand marché de ciment du Maroc regroupant le Grand Casablanca et Marrakech. Le groupe Anouar, qui engrange 8 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et est historiquement connu dans l’agroalimentaire, l’immobilier et la distribution, veut mettre pied dans un secteur où il existe déjà quatre représentants de taille. Il y a d’abord les trois multinationales, à savoir Lafarge, Holcim et Italcimenti à travers sa filiale Ciment du Maroc. Ensuite, Ciment de l’Atlas, en quatre ans, a su montrer qu’il était plus qu'un outsider.
Secteur en surcapacité
De toute évidence, la configuration 2014 montre que le marché est relativement étroit, comme en attestent les chiffres récents des cimentiers cotés à la bourse de Casablanca. Les opérateurs ont tous réalisé des investissements les mettant en situation de surcapacité. Et cela se ressent dans leurs résultats respectifs. En 2013, Ciment du Maroc a vu son chiffre d’affaires stagner à 3,6 milliards de dirhams. Son bénéfice est certes passé de 666 millions de dirhams en 2012 à 820 millions de dirhams en 2013. Mais il ne doit cette hausse qu’à la constatation d’une provision moins importante pour la dépréciation des titres de sa filiale égyptienne, Suez Cement Company. Et pour le premier semestre 2014, le chiffre d’affaires a été de 1,63 milliard de dirhams contre un pro-forma 2013 de 1,73 milliard de dirhams. Côté résultat semestriel, cette année 2014, Ciments du Maroc enregistre 496 millions, contre 497 millions en 2013.
Concernant Lafarge, le scénario est identique, du moins au niveau des performances commerciales. Le chiffre d’affaires 2013 est resté à 5 milliards de dirhams. Mais grâce à l’amélioration de son offre et une meilleure performance industrielle, le leader a pu améliorer son résultat de 10%, en le faisant passer de 1,26 à 1,40 milliard de dirhams entre 2012 et 2013. Pour ce qui est des réalisations semestrielles 2014, on sent des contre-performances beaucoup plus nettes. En effet, le chiffre d’affaires est passé de 2,61 à 2,56 milliards de dirhams, marquant un repli de 2,1%. Le résultat semestriel a, quant à lui, baissé de 5,9%, passant de 754 en 2013 à 710 dirhams en 2013.
Pour Holcim, la performance annuelle a été nettement moins bonne, puisque son chiffre d’affaires est passé de 3,32 à 3,11 milliards de dirhams, marquant une baisse de 6,3% entre 2012 et 2013. Néanmoins, il y a eu un net redressement durant le premier semestre 2014. Ce qui fait que Holcim fait figure d’exception dans l’univers des cimentiers cotés à Casablanca. Son chiffre d’affaires a été de 1,61 contre 1,46 milliard de dirhams en 2013, soit une hausse de 10%. De même, son résultat semestriel est passé de 254 millions à 330 millions, faisant un bond de 30%.
Ciment de l’Atlas perturbe la donne
Il faut dire que ce bouleversement au niveau des résultats des géants du secteur s’explique à la fois par une baisse des ventes de ciments en général et par l’arrivée des Ciments de l’Atlas. Les ventes de ciments au premier semestre 2014 ont reculé de 4,4% après avoir baissé de 12,6% sur toute l’année 2013.
Pour sa part, Ciments de l’Atlas ne cesse de gagner des part de marché. Ses produits d’exploitation ont été de 2,26 milliards de dirhams, enregistrant une hausse de 16% par rapport à 2012. Son résultat annuel a été de 408 millions de dirhams en 2012, en croissance de 37%. Dans un marché en nette baisse, cette croissance est forcément synonyme de gains de parts de marché pour la société d’Anas Sefroui. Par conséquent, c’est autant de recul pour les parts de marché des autres.
Si un tel scénario devait se produire avec l’arrivée d’Atlantic Ciment, les filiales des multinationales auront encore du mal à assurer leur croissance. Mais, d'ici 2008, le marché du ciment pourrait reprendre le chemin de la croissance.