Quelles conclusions peut-on tirer de la campagne de boycott de Sidi Ali, Centrale Danone ou Afriquia? L’Economiste, dans son édition du jour, indique que ce boycott a apporté plusieurs enseignements, à commencer par la faible capacité des partis politiques, syndicats et associations de protection des consommateurs à encadrer les citoyens et à canaliser leurs doléances. Cela a été notamment prouvé, rappelle le journal, par la réponse «malheureuse» de Mohamed Boussaïd, ministre des Finances, à une question au Parlement sur la stratégie gouvernementale pour lutter contre l’informel. Le ministre a en effet traité d’«étourdis» ceux qui ont appelé au boycott, alors même que certains partis appellent le gouvernement «à écouter les doléances des citoyens, à interagir positivement avec eux et à les satisfaire».
Les centrales syndicales, quant à elles, sont pour la plupart en désaccord avec cette «action politique, dont les initiateurs sont inconnus». Certaines rappellent même que les consommateurs peuvent adhérer à une association de leur choix pour défendre leurs intérêts, ce qu'ils ne savent pas assez. Sauf qu’aujourd’hui, les textes d’application de la loi sur le consommateur n’existent toujours pas. Parmi ceux-ci, L’Economiste cite le Fonds de soutien des associations de consommateurs, le Conseil de la consommation et le droit des associations.
L’autre conclusion que l’on peut tirer de ce boycott est le manque d’informations fiables à disposition du consommateur quant aux marques visées, puisque des citoyens «boycottent «Sidi Ali» et continuent d’acheter les autres produits appartenant à la même société qui produit cette eau minérale», écrit le journal. Il y a aussi une fausse impression d’augmentation des prix des marques boycottées. Centrale Danone réfute ainsi toute augmentation des «prix depuis juillet 2013, malgré la hausse de ses coûts». Justement, le prix du lait serait, selon le quotidien, alourdi par les coûts de production qui atteignent 70%. Idem pour le distributeur de produits pétroliers, «qui n’est pas le plus cher». Il semble, comme souligné par le journal, que le mouvement vise beaucoup plus la personne que l’activité.
Le troisième enseignement est le manque de statistiques «crédibles» quant à l’impact du boycott sur les sociétés concernées. Le journal est toutefois convaincu qu’en plus du réseau propre d’Afriquia, les stations-service franchisées pourraient être lourdement impactées.