Le deuxième trimestre 2025 confirme la remontée en puissance de la Bourse de Casablanca, portée par le retour marqué des investisseurs particuliers, l’activité soutenue des OPCVM et un environnement macroéconomique jugé plus lisible. Le marché affiche un niveau de liquidité et de profondeur inédit depuis plusieurs années, signe d’un regain de confiance général, écrit le magazine Challenge.
Après une longue période dominée par les institutionnels, la structure du marché connaît une inflexion notable. Les personnes physiques marocaines représentent désormais 27,9% du volume total échangé, un seuil qui n’avait plus été atteint depuis 2017. Selon le rapport trimestriel de l’Autorité marocaine du marché des capitaux, cette évolution résulte d’un climat de confiance renforcé, d’un accès numérique facilité aux plateformes de trading et de la volonté des ménages de diversifier leurs placements face à des rendements jugés faibles sur les supports traditionnels. Sur la période, les particuliers ont réalisé 7,7 milliards de dirhams d’achats pour 8 milliards de ventes, des hausses respectives de 73,7% et 83% en un an.
Ces investisseurs, longtemps associés à une logique spéculative de court terme, adoptent désormais des stratégies plus structurées, écrit encore Challenge. Leur intérêt se porte sur les valeurs bancaires, de distribution ou encore immobilières, appréciées pour leurs dividendes réguliers et leur visibilité. Cette évolution illustre une démocratisation progressive de l’investissement en actions, encore limitée mais durable, dans un contexte où la culture financière gagne du terrain.
Malgré ce retour visible des particuliers, les institutionnels conservent leur rôle dominant. Les OPCVM concentrent 36,7% du volume total et demeurent nettement acheteurs, avec 11,4 milliards de dirhams d’acquisitions pour 9,3 milliards de ventes. Leurs transactions ont plus que doublé en un an, traduisant un regain d’intérêt pour les actions dans un contexte de stabilisation des taux obligataires. Leur présence continue à apporter profondeur et stabilité à un marché en pleine phase de redynamisation.
L’activité boursière progresse fortement, soutenue par la digitalisation des services et l’accès élargi aux outils de gestion en ligne. Le marché central a enregistré 556.336 ordres au deuxième trimestre, une hausse de 71% sur un an, pour 276 449 contrats, en progression similaire. Ce compartiment concentre 91% des échanges pour un volume de 28,2 milliards de dirhams, supérieur à la moyenne des cinq dernières années. Les spécialistes estiment que cette évolution pourrait contribuer à réduire la dépendance du marché à quelques grands intervenants et à renforcer sa résilience.
Les personnes morales marocaines conservent une place importante avec 25,4% du volume total, mais affichent un profil contrasté. En position nette vendeuse, elles ont cédé pour 7,9 milliards de dirhams de titres tout en acquérant 6,4 milliards de dirhams, un mouvement attribué à des prises de bénéfices après plusieurs mois de revalorisations marquées sur certaines valeurs cycliques.
Les investisseurs étrangers poursuivent également leur retour, a-t-on lu dans Challenge. Leurs achats atteignent 1,7 milliard de dirhams, soit trois fois le niveau de l’année précédente, tandis que les ventes progressent de 42,7%, à 1,8 milliard. Ce regain d’intérêt est lié à une meilleure visibilité économique et à la stabilité du dirham, qui renforce l’attractivité des actifs marocains.
Les transactions effectuées via le réseau bancaire se maintiennent à un niveau modeste avec 3,5% du volume global. Les achats atteignent 858 millions de dirhams pour 1,1 milliard de ventes. Après un fort rebond sur un an, leur activité recule légèrement par rapport au trimestre précédent, au profit d’une gestion collective plus dynamique. L’ensemble de ces évolutions témoigne d’une recomposition progressive du marché, où les institutionnels continuent de jouer un rôle d’ancrage, tandis que les particuliers émergent comme un moteur croissant de liquidité. Les investisseurs étrangers, pour leur part, réintègrent le marché dans un contexte jugé plus favorable. Cette convergence de facteurs laisse entrevoir une phase de maturité accrue pour la place casablancaise. L’amélioration de la liquidité, la diversité croissante des profils d’investisseurs et la régularité des transactions pourraient permettre au marché des actions de jouer un rôle plus central dans le financement de l’économie et dans la création de valeur.








