Annuellement, le reste à charge des assurés représentait 45,6 % des dépenses totales de santé, un chiffre bien au-delà du seuil de 25 % recommandé par l’OMS et la Banque mondiale. C’est ce qu’indique le quotidien L’Economiste dans son édition du lundi 25 novembre. «En tenant compte des cotisations annuelles, cette proportion atteint même 59,7 %, exerçant une pression importante sur les budgets des foyers», lit-on. Le Conseil économique, social et environnemental, dans son avis sur l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), précise que ces dépenses directes des ménages s’élevaient à 27,8 milliards de dirhams en 2018.
«Cette situation s’explique en partie par l’écart significatif entre les coûts réels des soins et les tarifs définis par la Tarification Nationale de Référence (TNR). La TNR, qui sert de base aux remboursements de l’AMO, n’a pas été revue depuis 2006, hormis une révision mineure en 2008», lit-on. Ce décalage force les assurés à couvrir une part importante des frais médicaux, amplifiant les inégalités d’accès aux soins.
Un autre facteur crucial est le coût élevé des médicaments. Une étude menée en 2022 par la CNOPS, en coordination avec la Douane, sur un échantillon de 321 médicaments remboursables, a révélé que les prix pratiqués au Maroc sont trois à quatre fois supérieurs à ceux observés en France ou en Belgique. Cette situation résulte notamment des marges élevées imposées par les importateurs et du coût des médicaments innovants.
Résultat, 60 % des Marocains non couverts et 36 % des assurés renoncent à des traitements pour des raisons financières. Les ménages les plus modestes sont particulièrement affectés, contraints à des choix douloureux entre leurs besoins médicaux et d’autres nécessités vitales. Cette réalité compromet gravement l’objectif d’universalité de la couverture médicale.
Le Conseil économique, social et environnemental recommande plusieurs mesures pour alléger le fardeau financier des ménages et renforcer l’équité du système. C’est le cas de la révision de la Tarification Nationale de Référence.
«Ainsi, une mise à jour régulière des tarifs de référence est essentielle pour les aligner sur les coûts réels des prestations médicales», lit-on encore. Vient ensuite la promotion des médicaments génériques. Le développement de protocoles thérapeutiques encourageant l’utilisation des génériques permettrait de réduire les dépenses liées aux traitements coûteux.
Le Conseil cite aussi le renforcement des mécanismes de tiers payant. Sa réglementation garantirait un accès plus large aux soins sans avance de frais, particulièrement pour les catégories vulnérables. De même, une intervention accrue des autorités pour contrôler les marges appliquées par les importateurs et distributeurs contribuerait à réduire les prix, tandis que le renforcement du secteur public de la santé réduirait la dépendance au secteur privé, où les coûts sont souvent plus élevés.