Martin Winterkorn, 68 ans et depuis 2007 à la tête de Volkswagen, a assuré dans une déclaration n'être coupable "d'aucun manquement", mais dit "prendre la responsabilité" du scandale et remet sa démission "dans l'intérêt de l'entreprise", pour permettre à Volkswagen "un nouveau départ". Le président du Conseil de surveillance de Volkswagen, Berthold Huber, a également insisté que "M. Winterkorn n'avait aucune connaissance des manipulations sur les gaz d'échappement" des moteurs diesel du Groupe, devant la presse au siège de Volkswagen à Wolfsburg (nord).
Mais l'organe qui veille sur Volkswagen a estimé, à l'issue d'une réunion d'urgence de ses plus hauts responsables mercredi, que le Groupe avait besoin "d'un nouveau départ crédible". Ceci implique la démission de M. Winterkorn, a-t-il ajouté, en saluant "le sens des responsabilités" du patron. D'autres changements dans la direction doivent être annoncés dans les prochains jours, a-t-il fait savoir. Le Conseil de surveillance doit aussi se réunir vendredi pour trouver un successeur à M. Winterkorn.
Numéro 1 mondial des ventes
Le nom du patron de Porsche, Matthias Müller, a circulé cette semaine pour prendre ce poste de patron le mieux payé d'Allemagne, à la tête d'un mastodonte aux 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 600.000 salariés et 12 marques de camions et de voitures. Le Groupe venait de ravir à Toyota le titre de numéro1 mondial des ventes.
L'affaire des moteurs, révélée vendredi comme une fraude aux tests antipollution circonscrite aux Etats-Unis, s'est vite muée en scandale mondial. Volkswagen a admis avoir mis en place un logiciel sur les moteurs diesel d'environ 11 millions de ses voitures, afin de fausser les résultats des tests. La justice allemande a ouvert une enquête préliminaire mercredi, après celles déjà annoncées aux Etats-Unis. La Corée du Sud, l'Italie et la France font partie des pays qui ont lancé des enquêtes, Londres en a réclamé une à la Commission européenne.
"Manipulation inacceptable"
Les appels à la "transparence totale" chez Volkswagen, telle que réclamée mardi par la chancelière Angela Merkel, étaient relayés de toutes parts mercredi. Mais le monde politique et des affaires tente aussi d'éviter les amalgames. La manipulation de Volkswagen est "absolument inacceptable", a répété le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel, en visite au Salon automobile de Francfort ; mais il n'y a "pas de débat général sur la qualité de Volkswagen ou sur l'ensemble de l'industrie automobile allemande".
"On ne doit pas faire l'erreur de se servir de cette manipulation inacceptable d'un logiciel pour moteurs, afin de remettre en question l'ensemble de la technologie" allemande, a abondé Matthias Wissmann, président de la fédération de l'automobile VDA.
En Suède, la ministre de l'Environnement, Asa Romson, s'est dite "sidérée qu'un constructeur automobile renommé (se soit) comporté d'une manière aussi honteuse".
La fédération regroupant les fabricants automobiles européens, l'ACEA, a reconnu "la gravité de la situation", tout en estimant qu'il n'existe "aucune preuve" que le trucage mis au jour chez Volkswagen soit "étendu à toute l'industrie". L'automobile, fierté nationale, représente pas loin de 20% des exportations allemandes et 14% du Produit intérieur brut de la première économie européenne.
Volkswagen a déjà reçu une véritable punition en Bourse pour ce scandale : quelque 25 milliards d'euros de capitalisation boursière du Groupe avaient été pulvérisés entre lundi et mardi du fait du plongeon de 35% de l'action. Cette dernière s'est toutefois reprise mercredi, terminant sur un rebond de 5,19% à 11,50 euros.