La Société nationale de garantie et du financement de l’entreprise (Tamwilcom) a annoncé le 28 juin, le lancement d’une nouvelle édition du «Fonds Innov Invest» (F2I) pour soutenir les startups et l’écosystème de l’innovation au Maroc. Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé le même jour et jusqu’au 17 juillet 2023, pour sélectionner vingt structures d’accompagnement dans l’idéation, l’incubation et la pré-accélération, trois importantes phases dans le développement des jeunes pousses.
Les incubateurs, qui seront de véritables pépinières pour les startups, jouent un rôle central dans l’éclosion des futures pépites. Le360 en a contacté deux qui figurent parmi les plus grandes structures d’accompagnement au Maroc, et qui avaient participé à la première édition, pour recueillir leurs attentes sur cette deuxième cohorte
D’après Mehdi Alaoui, fondateur de la Startup Station, basé au Technopark de Casablanca et qui accompagne des startups depuis 2017, le lancement de cette deuxième phase était très attendue. «Nous en sommes très ravis parce que cela fait un an et demi qu’on l’attendait. C’est une très bonne nouvelle pour l’écosystème des startups marocain. L’arrêt de ce programme a eu un impact dans le développement de ces jeunes pousses», déclare notre interlocuteur dont la structure a géré 64 dossiers.
Pour Fatima-Zahra El Khalifa DG de Cluster ENR, «la première édition a permis de créer un véritable système entrepreneurial, de booster l’innovation et de pousser les jeunes à entreprendre». Selon elle, les quelques 200 startups accompagnées par son incubateur Green Business Incubator (GBI) ont pu mettre en place leurs prototypes, se transformer en entreprises créatrices d’emplois et de valeur ajoutée.
Plus de subventions pour les startups
Ces petites entités ont pu également améliorer leurs chiffres d’affaires et effectuer des levées de fonds auprès de fonds d’investissements ou de business angels, «surtout dans la green tech qui est un secteur qui se développe, dans ce contexte de lutte contre les changements climatiques, et de transition énergétique».
Après le bilan, place aux recommandations pour améliorer ce programme de financement. D’abord, augmenter le montant versé à chaque startup. «200.000 dirhams c’est bien, plus c’est encore mieux. Cela permettra aux startups en phase d’amorçage d’être plus résilientes. Nous avons constaté que la hausse des financements multiplie par deux ou trois leur taux de succès », suggère Mehdi Alaoui.
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Il plaide également pour une accélération des procédures dans le déblocage des fonds. «On espère que les délais de déblocage des fonds pour les startups soient raccourcis à travers la digitalisation des procédures. Cela permettra de ne pas créer un décalage entre la réalisation du projet et le financement, après la fin de la période d’accompagnement. Ces retards créent beaucoup de frustrations entre la structure d’accompagnement, la start-up et Tamwilcom. C’est un point très important pour le succès de ce programme», insiste-t-il.
Augmenter les montants versés aux incubateurs
Tamwilcom souhaite financer 800 startups sur une durée de cinq ans, soit presque le double par rapport à la première phase (2017-2022).
Pour relever ce challenge, Fatima-Zahra préconise une augmentation des montants alloués aux structures d’accompagnement pour leur permettre d’améliorer leurs résultats. «Nous souhaiterions avoir un dispositif qui nous permette de disposer davantage de moyens pour déployer de façon plus efficace nos programmes. Cela permettra de renforcer nos capacités et nos équipes et d’augmenter le nombre d’entrepreneurs qui a accès aux financements», affirme-t-elle.
M. Alaoui est du même avis. «Une structure d’accompagnement est payée en moyenne à 10.000 et 15.000 dirhams par dossier. Un montant extrêmement faible en comparaison aux benchmarks internationaux», révèle-t-il.
Et dans ces conditions, «il est difficile pour une structure d’accompagnement, avec ces moyens, de sélectionner, accompagner, monter les dossiers, et auditer un dossier qui pouvait prendre jusqu’à un an lors de la première édition». Il invite Tamwilcom à nouer des partenariats avec d’autres organismes étatiques pour leur apporter les financements complémentaires.
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Mehdi propose aussi de «figer les business models entre les incubateurs et les startups», notamment dans la facturation et la prise de participation, pour éviter tout potentiel conflit dans le futur, résultat d’une mauvaise compréhension entre les deux parties.
«Il faudra que la Caisse centrale de garantie (CCG) crée un cadre de collaboration clair et net entre les startups et les structures d’accompagnement, à travers la mise en place d’un business model cohérent entre l’ensemble des acteurs de cet écosystème», indique-t-il. Une transparence qui permettra d’avoir «un modèle gagnant-gagnant dans lequel l’ensemble des acteurs se retrouvent, travaillent et réussissent ensemble ».