Le rideau est tombé dimanche 31 mai, à la commune rurale de Kouassam (60 km d’El Jadida), sur la troisième édition du festival annuel de la fauconnerie, qui a démarré le 29 mai sous le thème "Traditions ancestrales et patrimoine universel".Cette manifestation a dépassé la simple compétition et témoigne de la richesse culturelle d’une région marginalisée. Ces trois jours de fête ont été marqués par la participation d’un grand nombre d’adeptes de cet art, notamment des passionnés du dressage de l’épervier venus en majorité du Qatar et des Emirats Arabes Unis.Pour Mustapha Baidouri, président de l’association des fauconniers Kouassem, “le festival est l’occasion de valoriser le capital culturel immatériel de la commune rurale de kouassam et de le promouvoir au niveau national et international”.La représentante du bureau de l’UNESCO, Sanae Allam, affirme de son côté l’importance de la préservation du capital immatériel et surtout le transfert des savoirs: “L’UNESCO avait déclaré le 16 novembre 2010, la fauconnerie "patrimoine culturel immatériel de l'humanité", suite à une candidature multinationale portée par onze pays: l'Arabie Saoudite, la Belgique, la République tchèque, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis, l'Espagne, la France, le Maroc, la Mongolie, le Qatar et la Syrie. Comme vous =le savez, dans la région de Doukkala, la tribu des Kouassem, particulièrement douar Smaala à Had Ouled Frej, est connue pour sa passion de la chasse au faucon et son savoir-faire ancestral dans l'élevage et le dressage des rapaces… La création d’une école dédiée aux passionnés de la chasse au vol par exemple sera la solution idéale pour permettre une transmission formelle des savoirs!"
La fauconnerie est l’une des pratiques rares dont la technique est restée inchangée. C’est un art difficile qui demande beaucoup de patience, mais aussi un investissement qui n’est pas toujours à la portée de toutes les bourses. C’est ce qui explique "le coup de gueule" de Abdallah Hanbali, journaliste local de longue date: "La fauconnerie a aujourd’hui un coût qu’une majorité de fauconniers ne peuvent plus assumer. Et le salut ne peut venir que du tourisme: tazotas, kasbahs, moussems…). Pour cela, tant de choses restent encore à faire. Pour preuve, les tazotas du douar Ouled Salem et la kasbah de Boulaaouane risquent de disparaître si on ne les restaure pas rapidement. Mais à ce jour, on n’en est encore qu’au stade des réunions. Et pendant ce temps, la dégradation de ce patrimoine continue à empirer. Pis encore, la route censée faciliter l’accès à ces régions se trouve dans un piteux état. Un obstacle majeur, qui empêche les touristes de s’y rendre. Les richesses de la culture locale et celle du patrimoine de la région doivent inéluctablement passer par une mise à niveau d’atouts pivots capables d’enthousiasmer les visiteurs et non d’engendrer l’effet repoussoir. "Bref la pauvre commune de Kouassam était riche le temps d’un festival: des troupes folkloriques locales et nationales, notamment les Ouled Benagida, la troupe Tagada, des senteurs orientales de "oud", des voitures de luxe... Quant au menu, les invités des Kouassam avaient droit aux méchouis, aux poulets fermiers et des desserts glacés. La tradition a dit "oui" à la modernité.