Il y a encore une dizaine d’années, Casablanca était une ville jazzy avec ses différents clubs et groupes qui animaient nos sorties nocturnes. En témoigne l’ouverture de plusieurs scènes dédiées à ce style musical, comme l’Aéropostale, le club de l’hôtel Holiday Inn ou le Quai du Jazz, un restaurant ouvert en 2005 qui propose une ambiance jazzy à ses clients désirant dîner en musique. Abdou Benchekroun, propriétaire des lieux témoigne: «Les gens aiment écouter du Jazz car c’est une musique élitiste qui est réellement appréciée par les passionnés ». Aujourd’hui, le Quai du Jazz a fermé pour laisser place à un club plus «international». La raison ? « Les générations ont changé. Les gens qui sortent sont plus férus de bruits, de musique latino, cubaine ou plutôt électro», nous confie Abdou Benchekroun.
Il est vrai que plus les années passent, plus les programmations jazz se mélangent et varient pour s’adapter à des publics toujours plus exigeants. Le phénomène se vérifie même à Montreux, un des plus grands festivals de jazz organisé chaque année depuis 1967, où plusieurs styles musicaux investissent petit à petit les lieux, sous les yeux des 250.000 spectateurs présents à chaque édition. Pour continuer d’exister, il faut savoir s’adapter. Telle pourrait être la devise des programmateurs des festivals jazz dans le monde.
Aujourd’hui, le jazz s’ouvre à d’autres influences et l’on a vu naître des styles aussi variés que l’Acid jazz, le jazz-gnaoua, le jazz electro ou encore le jazz-rap que l'on retrouve dans le dernier album d’Ibrahim Maalouf en duo avec le rappeur français Oxmo Puccino. Selon Kamil Sabri, membre des Blues Ramblers, invité de l’édition précédente de Jazzablanca, «lejazz ne se perd pas, mais subit des influences». Et de citer en exemple, Ahmed Jamal, pianiste et compositeur américain, qui a su, avec élégance, incorporer un style africain à ses créations.
Le jazz n’est donc plus limité à cette image de classicisme. Il s’est enrichi d’influences diverses, apportées par les compositeurs de la nouvelle génération. Depuis la nuit des temps, les cultures se mélangent, les musiques évoluent et le jazz n’est pas épargné par cette mondialisation qui nous offre de belles choses à découvrir, à l’image de Tigran Hamasyan ou encore d'Abraham Inc. Ce qui nous empêche pas de continuer à apprécier des classiques comme Archie Shepp. Que du bonheur !





