Le film de Abdelilah El Jaouhari s’est adjugé le poulain d'or, décerné à l'unanimité par le jury à son film «De l'eau et du sang», lors du dernier FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou). Il s’agit du premier prix obtenu par le Maroc dans ce prestigieux festival, l’un des meilleurs au monde qui fête le cinéma africain. Naturellement, le cinéaste s’en réjouit, et le fait savoir à Libération, dans son édition du week-end (11-12 avril). «Je suis vraiment et particulièrement fier de ce prix. Il vient à point nommé, couronner un long exercice cinématographique et un effort déployé depuis déjà des années», déclare El Jaouhari.
Le film «De l'eau et du sang» qui réunit une pléiade d’acteurs de grand calibre tels feu Mohamed Bestaoui, Younes Megri, Touria Alaoui, Naima Mcherqui, est fait avec un grand amour et un grand soin, en plus d’un professionnalisme extrême, explique le metteur en scène. Il regrette, cependant que la prévarication, la corruption, le népotisme aient touché aussi le milieu artistique. «Ceci paraît clairement dans les démarches requises pour bénéficier des subventions et le choix de certains films pour représenter le Maroc à l’étranger ou encore le choix des jurys. Malheureusement, ce secteur a vu également s’infiltrer certains intrus ayant pour seul but la rente financière», assène-t-il.
Pour Abdelilah El Jaouhari, le cinéma marocain souffre de plusieurs phénomènes. Il les résume ainsi : «Il y a des gens qui ont intégré le secteur, à la faveur de fonds et de rouages financiers et relationnels. Ils recourent à des gens étrangers au secteur et à la réduction excessive des frais de production, en vue de réaliser des profits au détriment des professionnels».