Recueil de nouvelles: «Les inconsolées», de Karima Echcherki, et la souffrance des femmes au Maroc

said bouchrit / Le360

Le 22/01/2022 à 19h48

VidéoDans son recueil de nouvelles intitulé «Les inconsolées», Karima Echcherki, enseignante et écrivaine, peint une réalité marocaine tristement existante, où la femme victime d’injustices et de discriminations, demeure à jamais prisonnière d’une société culturellement patriarcale. Entretien.

«Les inconsolées» est le premier recueil de nouvelles de Karima Echcherki, publié en 2020, où celle-ci prend la parole, à travers une série de récits de vie de femmes marocaines, pour y dénoncer la triste réalité qui les entoure, les rendant à jamais d’éternelles prisonnières d’une société culturellement patriarcale.

«J’ai choisi comme titre «Les inconsolées», parce que je parle de victimes qui n’ont jamais été reconnues en tant que telles, et qui ne le sont toujours pas aujourd’hui. Elles sont des inconsolées tant que leurs souffrances ne seront pas prises en compte. C’est une manière de les réhabiliter dans leur mémoire, et faire comprendre que leurs douleurs n’ont pas été vaines», explique Karima Echcherki.

Loin d’être un essai philosophique complexe, l’écrivaine raconte, avec simplicité et beaucoup de pudeur, le vécu de Yamna, Keltoum, Chama, Naïma et bien d’autres, en décrivant leur souffrance quotidienne dans une communauté gouvernée par le sexe masculin ou le mâle, les brime et les étouffe.

Bien que fictifs, ces récits, puisés de faits réels quotidiens, offrent une occasion privilégiée d’aborder plusieurs problématiques centrées sur la femme et sur les relations homme/femme dans un schéma traditionnel de réflexions patriarcales, hérité des anciennes générations.

«J’ai voulu faire un témoignage et un constat de toutes les violences subies par les femmes au cours du passé, jusqu'à aujourd’hui, en abordant plusieurs thèmes, comme le mariage précoce, le viol, l’accès à l’éducation et bien d’autres, et qui, malheureusement, sont toujours d’actualité», précise l’écrivaine.

«Malgré l’évolution du statut de la femme marocaine, dans l’espace public et dans le milieu professionnel, celle-ci ne dispose pas d’une liberté d’être et d’agir, nécessaire à l’épanouissement de son être», ajoute-t-elle, car l’arsenal juridique qui devrait accompagner la gente féminine dans son avancée reste, quant à lui, très limité, et plein de failles. Cela signifie que les injustices sont toujours là, et qu’elles perdureront encore pour longtemps.

Aujourd’hui, c’est une invitation à la mobilisation générale pour que toutes les femmes marocaines ou arabes, souffre-douleurs d’une pensée biaisée par une inégalité des chances et une incompréhension de l’être, unissent leurs forces pour mener à bien ce combat de longue haleine, et réussir à se sortir de ce constat amer.

Pour ceux qui ne la connaissent pas, Karima Echcherki, est née à Rabat en 1962. Elle est actuellement professeure à la Faculté des Sciences et Techniques de Mohammedia, où elle enseigne la chimie et le management de la qualité, de la sécurité et de l’environnement. Elle s’immisce dans le monde de la littérature française par effraction, où elle se découvre une véritable passion, celle de l’écriture.

Par Yousra Adli et Said Bouchrit
Le 22/01/2022 à 19h48