Nommé à huit reprises, "Mustang", premier film de Deniz Gamze Ergüven, ode à la liberté racontant l'odyssée de cinq soeurs adolescentes en Turquie, pourrait avoir les faveurs des quelque 4.200 professionnels du 7e art votant aux César.
Très bien accueilli au festival de Cannes, également en course pour l'Oscar du meilleur film étranger dimanche, ce récit d'émancipation mené tambour battant pourrait être sacré meilleur film et meilleur premier film lors de la cérémonie, organisée à partir de 20H00 GMT au théâtre parisien du Châtelet.
Dans une compétition ouverte, mais placée sous le signe de la diversité en pleine polémique sur les Oscars "trop blancs", "Fatima" de Philippe Faucon, portrait émouvant d'une femme de ménage immigrée, concourra également en bonne place. Tout comme la Palme d'or du dernier Festival de Cannes "Dheepan" de Jacques Audiard, sur le parcours en France de réfugiés sri-lankais.
Sur le papier, c'est cependant "Marguerite" de Xavier Giannoli, portrait d'une diva à la voix de casserole, et "Trois souvenirs de ma jeunesse", récit initiatique d'Arnaud Desplechin, qui font figures de favoris avec onze nomination chacun, et certainement quelques récompenses en bout de course.
"La Tête haute" d'Emmanuelle Bercot, film social coup de poing, ou "La loi du marché", oeuvre cinglante sur le monde du travail, sont également en bonne place.
Duel Lindon-Luchini
Prix d'interprétation à Cannes pour son personnage de chômeur humilié dans ce film de Stéphane Brizé, Vincent Lindon, 56 ans, qui n'a jamais reçu de César malgré cinq nominations, fait partie des favoris pour le trophée du meilleur acteur.
Face à lui, Fabrice Luchini, 64 ans, qui n'a jamais remporté non plus le César du meilleur acteur malgré quatre nominations, sera un adversaire de taille en magistrat bourru dans "L'Hermine". Un rôle qui lui a déjà valu le prix d'interprétation à la Mostra de Venise.
Le Tamoul Antonythasan Jesuthasan, révélation de "Dheepan", pourrait aussi être un adversaire sérieux. En lice également, la star Gérard Depardieu, Jean-Pierre Bacri, Vincent Cassel et François Damiens.
Pour les femmes, Catherine Frot, six fois nommée pour le César de la meilleure actrice mais jamais récompensée, fait figure de favorite pour son personnage de Castafiore tragi-comique dans "Marguerite".
Mais elle pourrait se voir détrônée par la Franco-Algérienne Soria Zeroual, femme de ménage dans la vie, qui tient le premier rôle dans "Fatima". Ou encore par l'actrice marocaine Loubna Abidar pour son rôle de prostituée dans "Much Loved", interdit au Maroc.
Elles auront face à elles d'autres figures du cinéma français, d'Isabelle Huppert pour "Valley of Love" à Catherine Deneuve pour "La Tête haute" en passant par Emmanuelle Bercot dans "Mon Roi", déjà récompensée par le prix d'interprétation à Cannes.
L'an dernier, quelques mois après les attentats jihadistes de Paris en janvier, les César, souvent marqués par l'actualité, avaient célébré la liberté d'expression en couronnant le film franco-mauritanien "Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako. Cette chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali, sous la coupe des jihadistes, avait été récompensée par sept prix.
"Le Fils de Saul" du Hongrois Laszlo Nemes, plongée au coeur de l'enfer de la Shoah, est quant à lui en bonne place pour le César du meilleur film étranger, face à "Mia Madre" de Nanni Moretti ou "Taxi Téhéran" de Jafar Panahi.
La soirée, qui verra l'acteur américain Michael Douglas récompensé par un César d'honneur, sera présidée par le réalisateur Claude Lelouch. L'humoriste Florence Foresti en sera la maîtresse de cérémonie.