Marrakech: «D’un trait intime», la face cachée d’Abdelkébir Rabi’ se révèle au MACAAL

D'un trait intime, la nouvelle exposition de Abdelkebir Rabi' au MACAAL.

Le 20/12/2025 à 16h32

VidéoLe 19 décembre 2025 l’Artist Room du musée d’art contemporain africain Al Maaden (MACAAL) a ouvert les portes de l’exposition des oeuvres d’Abdelkébir Rabi’, intitulée «D’un trait intime». Une exposition intimiste qui fait écho à la parution récente d’une monographie dédiée à l’artiste originaire de Boulemane.

Avec l’exposition «D’un trait intime», le musée dévoile une facette méconnue et longtemps gardée secrète de l’œuvre d’Abdelkébir Rabi’: ses dessins, petits formats et fragments. Ce corpus inédit constitue le noyau spirituel et fondateur de sa pratique, un art né d’un dialogue profond entre geste, mémoire et intériorité.

Sous le commissariat de Mouna Annasse Hassani, le parcours propose une expérience de lenteur et de recueillement. Cette exposition affirme une importance curatoriale forte en ce qu’elle rompt avec la logique du spectaculaire pour recentrer l’attention sur le regard, la proximité et une expérience de lenteur. Le petit format n’y apparaît ni comme marginal ni comme secondaire, mais comme un espace autonome et d’exercice méditatif où se concentre l’essentiel du processus créatif. L’exposition met en lumière cet exercice de dépouillement où chaque trace devient aveu, chaque hésitation devient révélation. Elle s’inscrit dans un mouvement global de retour vers les formes discrètes, répondant au besoin contemporain de retrouver le sens à travers le geste et le trait.

L’exposition donne accès au versant secret de l’artiste, révélant «éclats d’intuition» et notes visuelles où surgissent les premières vibrations de l’œuvre. Chez Rabi’, le dessin est un territoire spirituel, un lieu où le geste médite avant de toucher. Ancrée dans une mémoire ancienne —celle du geste calligraphique appris à l’école coranique— cette pratique est présentée comme un souffle premier, une matrice où se déposent les pulsations inconscientes de l’œuvre. Chaque fragment exposé agit comme un foyer, un diapason qui accorde la vision et règle la main. Le dessin devient ainsi la trace visible d’une expérience invisible, le lieu précis où l’infime porte l’infini.

Entre sacré et secret

L’inauguration de cette exposition a également donné lieu à un moment privilégié avec une conversation intitulée «Rabi’: Entre sacré et secret». Cette rencontre, qui a réuni Pascale Le Thorel, commissaire d’exposition, critique d’art et auteure de la monographie dédiée à l’artiste, Brahim Alaoui, ancien directeur du musée de l’Institut du monde arabe à Paris, historien d’art, éditeur de ladite monographie et enfin Mouna Annasse Hassani, commissaire de l’exposition du MACAAL, avait pour objectif d’explorer les rapports entre visible et invisible dans la création ainsi que le dialogue subtil entre héritage islamique et modernité artistique.

Un échange passionnant qui a permis de remonter le temps afin d’explorer soixante ans de création, de Boulemane aux cimaises internationales, pour décrypter la place centrale de ce «trait intime» dans la pensée de l’artiste.

À propos de Abdelkebir Rabi’

Né en 1944 à Boulemane, Abdelkébir Rabi’ développe depuis plus de soixante ans une œuvre majeure de la scène marocaine. Il a présenté de nombreuses expositions individuelles et participé à d’importantes manifestations au Maroc et à l’international, dans des galeries telles que Le Savouroux, L’Atelier, Nadar, Venise Cadre, Atelier 21, l’Espace d’art de la Fondation Société Générale, SoArt Gallery, Artorium ou encore Khalid Fine Arts Gallery, qui le représente aujourd’hui. Son travail a également été montré dans des foires, biennales, instituts, fondations et musées à Grenoble, Paris, Bruxelles, São Paulo, Tunis, Barcelone ou Rotterdam.

«D’un trait intime», jusqu’au 18 janvier 2026. Musée d’art contemporain africain Al Maaden (MACAAL), Artist Room, Marrakech

Par Zineb Ibnouzahir
Le 20/12/2025 à 16h32