Le téléchargement sans autorisation, la reproduction sans consentement et le plagiat en masse représentent des actes, souvent volontaires, rarement accidentels, largement répandus dans notre société portant préjudice à l'industrie du livre dans son ensemble, de l’auteur, à l’éditeur, en passant par le petit libraire et le bibliothécaire.
Au cours des dernières années, ces pratiques néfastes se sont amplifiées à travers le monde pour devenir, hélas, quasi-présentes dans tous les secteurs de la production, particulièrement en académie, nécessitant la mise en place dans les universités de plusieurs mesures de sanction à l’encontre de tous ceux qui mettent en péril l'industrie du livre et la création littéraire en s’adonnant à de tels actes.
Au Maroc, selon Abdelhakim Karman, expert en droit de propriété intellectuelle et président de l’Alliance marocaine pour la propriété intellectuelle, la situation de cette industrie est particulièrement alarmante, notamment en raison de l’incompatibilité du cadre juridique du Bureau Marocain des droits d’auteur (BMDA), l’institution chargée de la gestion collective des droits d’auteur et des droits voisins, aux nouvelles réalités technologiques de l’ère numérique et des capacités administratives, humaines et de gestion des droits.
A cela viennent s’ajouter le nombre limité d'auteurs et de créateurs adhérents au BMDA et la chimère de la piraterie classique et numérique, la reprographie en masse, le plagiat des contenus littéraires, scientifiques et artistiques, créant ainsi un contexte malsain, qui génère des pertes de droits et un gâchis manifeste des énergies et des potentialités économiques, dont l’auteur et le livre demeurent les premières victimes, a déploré l’expert, sollicité par la MAP à l’occasion de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur.
Pour remédier à cette situation et œuvrer vers une protection effective du livre et de l'auteur, Karman explique qu’«une réforme en termes d’assainissement, de modernisation et d’outillage juridique et institutionnel s’impose de manière décisive et urgente pour renforcer les efforts consentis en matière de législation, à savoir l’amendement de la loi régissant les droits d’auteur en ce qui concerne la rémunération sur copie privée et l’adoption de la loi de l’artiste et des métiers artistiques».
Par ailleurs, la sensibilisation, particulièrement des jeunes, quant à l’impact du piratage et du plagiat revêt une importance cruciale dans la protection et la promotion de la création littéraire, notamment lors d’événements culturels phares, telle la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, célébrée le 23 avril de chaque année.
Cette Journée témoigne de la volonté et de l’ambition d’encourager tous les acteurs de l’industrie du livre et d’œuvrer pour que la culture et l’art occupent la place qui leur échoit, a relevé Karman.
Cet effort de sensibilisation passe également par l’organisation et la participation aux salons nationaux et internationaux du livre, une approche que le Maroc adopte depuis des années maintenant et qui semble porter ses fruits, a affirmé, dans une déclaration à la MAP à l'occasion de cette Journée, Hassan El Ouazzani, directeur du livre, des bibliothèques et des archives au sein du ministère de la Culture et de la Communication.
Ainsi, l'organisation réussie par le Maroc du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca et nombre d’autres salons régionaux dans plusieurs villes marocaines, ainsi que sa forte présence dans les salons du livre internationaux, notamment en tant qu’invité d’honneur, en 2018 au Salon International du Livre de Québec et en 2017 au Salon du livre de Paris et celui du Caire, et participant, à Francfort, Genève et Santiago, reflètent la détermination du Royaume à promouvoir et protéger la création littéraire, a souligné El Ouazzani.
Malgré le nombre limité de publications annuelles et l’insuffisance au niveau de la distribution, le Maroc veille à renforcer l’organisation de ces plateformes d’échanges entre les professionnels de la création littéraire, les passionnés de la lecture et le grand public afin de surmonter les défis auxquels fait face l’industrie du livre, a-t-il ajouté.
Avec pour thématique cette année «Lire c'est mon droit», la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur, vise, depuis sa proclamation par l’Unesco en 1995, à promouvoir le livre, l’auteur et la lecture ainsi qu’à sensibiliser le grand public quant à la nécessité de protéger la création littéraire.