"Je suis content et fier que le Musée d'art contemporain du Centre Pompidou acquiert une de mes œuvres, -"Hommage à Gaston Bachelard"-, un grand philosophe français", a déclaré Farid Belkahia. Le musée national d’art moderne de Paris, dit musée du Centre Pompidou, vient en effet d’acquérir l’œuvre de l’artiste qui rejoint donc la collection d’un des plus prestigieux musées au monde. "Cette politique d’acquisition d'œuvres d’artistes du Maghreb aurait dû être mise en place plus tôt eu égard aux relations privilégiées entre le Maroc et la France. Il est important que la rive sud de la Méditerranée, avec ses spécificités culturelles, soit représentée dans des musées de cet ordre", a d’ailleurs souligné Farid Belkahia à ce propos.
Un artiste aux confluents des temps
Né le 15 novembre 1934 à Marrakech, l’incontournable Farid Belkahia, devenu aujourd’hui l’un des artistes marocains les plus renommés, a étudié à l’Ecole des beaux-arts de Paris de 1955 à 1959 avant de se rendre à Prague où, entre 1959 et 1962, il s’adonnera à l’art du décor scénique à l’Institut du théâtre de la belle ville de Praha avant de retourner au Maroc. Il y a occupera, de 1962 à 1974, le poste de directeur de l’Ecole des beaux-arts de Casablanca. Durant l’année 1965-1966, l’artiste rejoindra cependant l’Académie Brera de Milan pour parfaire sa formation.Comme beaucoup de peintres, Farid Belkahia a d’abord eu une période figurative avant d’opter pour un travail et une réflexion privilégiant la ligne et la figure géométriques, aux tracés de pigments naturels, de henné et d’écorce de grenade, appliqués à des supports aussi divers que le cuivre ou la peau. La peinture sur peau est d’ailleurs une signature de Farid Belkahia qui, ainsi, opère une jonction entre tradition et modernité : "Tout renouvellement, toute modernité passe par la tradition", souligne d’ailleurs le peintre.
Exposition "Modernités plurielles""Hommage à Gaston Bachelard" fera partie de l’exposition "modernités plurielles" organisée par le musée du Centre Pompidou, à Paris, exposition qui s’ouvrira le 23 octobre pour présenter au public "une nouvelle géographie de l’art moderne de 1905 à 1970". Et, déclare Michel Gauthier, conservateur au Musée national d’art moderne de Paris, "l’art de Farid Belkahia a toute sa place, d’une part, bien sûr, parce qu’il est l’un des artistes "historiques" de la modernité marocaine et, plus largement, nord-africaine, mais aussi parce que son œuvre porte la trace de la pluralité que l’accrochage intitulé "Modernités plurielles" souhaite mettre en valeur. Selon lui, "le travail de Belkahia greffe des motifs dont certains appartiennent au plus pur modernisme européen (Kandinsky ou Klee, par exemple) sur des matériaux et des techniques typiquement nord-africains. Cet aspect-là de son travail est tout à fait passionnant et aujourd’hui stratégique".