Il est dix huit heures sur la Croisette, les membres du jury et les équipes des films sont attendus pour fouler le tapis rouge, quelques indices fuitent en attendant le palmarès. Dix-neuf films en lice espèrent une récompense, tandis que les premiers prix ont déjà été décernés samedi et dimanche matin: le prix "Un certain regard" est revenu à l'islandais Grimur Hakonarson pour son film "Hrurtar", et la Queer Palm 2015 pour "Carol" de Todd Haynes.
Silence dans la salle, la cérémonie commence, animée par Lambert Wilson, déjà maître de cérémonie à Cannes en 2014, qui lance ironiquement à l’assistance "Vous êtes au bout du rouleau, avez dormi deux heures par nuit, vu trois films", "Je n'ose même pas imaginé l'Etat du jury". La tribune de Lambert Wilson se veut un brin poétique et engagée, une manière d'introniser les films en lice, avec subtilité et élégance. "Cannes n'est pas une femme. Cannes est une puce géante", lance poétique le maître de cérémonie. Un lien évident avec son discours lors de la cérémonie d'ouverture. "Cannes est un monstre marin. Une forêt des songes. Une lampe de poche. Des cerisiers en fleurs. Des gilets pare-balle. Des vieillards nostalgiques. Un entretien d'embauche via Skype. Une mer fantôme. Les yeux embués de larmes d'un père. Un retour vers l'enfance... Et oui, Cannes, c'est tout ça", dit il en faisant l'éloge du Festival avant de rendre hommage à son créateur, Jean Zey. S’ensuivra, en guise de mise en bouche, un spectacle de danse, haut en couleurs, interpreté par le collectif japonais de danse contemporaine "Enra".
Le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako et l'actrice chinoise Han Xao font leur apparition afin de remettre la Palme d'or du court-métrage à "Waves'98" du Libanais Ely Dagher, pour son œuvre évoquant les errances d'un homme dans les rues de Beyrouth.
Pour sa première sélection dans la compétition cannoise, le réalisateur colombien César Augusto Acevedo est distingué pour son film très poignant et réaliste, Tierra y la Sombra. Il a rendu hommage à tous les paysans colombiens "les vrais héros de son pays".
Standing ovation du public pour Jane Birkin qui rend un hommage à la réalisatrice française Agnès Varda et lui remet une Palme d'honneur, récompense honorifique décernée à ce jour, au quatuor Woody Allen, Manoel de Oliveira, Clint Eastwood et Bernardo Bertolucci.
Michel Franco remporte le Prix du scénario pour son film "Chronic"
Le prix de la mise en scène revient au Taïwanais Hou Hsiao-hsien, réalisateur de "Nie yinniang" (The Assassin)
"The Lobster", du réalisateur grec Yorgos Lanthimos a reçu le prix du jury des mains de la rayonnante Leaticia Casta. Le jury a distingué le conte burlesque, réflexion cinglante et dérangeante sur la grande difficulté de l'amour dans notre société, savemment interprétée par Colin Farrell, Rachel Weisz et Léa Seydoux
Le réalisateur hongrois a décroché le grand prix du Jury pour son film Le Fils de Saul, long-métrage choc sur la Shoah mettant en scène un juif forcé de participer à la "Solution finale" en travaillant dans les chambres à gaz.
Deux Français seront également sacrés pour le prix d’interprétation: Vincent Lindon pour sa performance dans La Loi du marché de Stéphane Brizé et Emmanuelle Bercot pour "Mon roi", ex aequo avec Rooney Mara (Carol).
Pour clore en apothéose le palmarès de cette 68 ème édition , un troisième français, Jacques Audiard, a été primé de la Palme d’Or, pour son film Dheepan, un thriller politique réussi sur l'exil de Tamouls en banlieue parisienne.