"Fatima" de Philippe Faucon, portrait touchant d'une femme de ménage maghrébine qui élève seule ses deux filles, a reçu trois prix, dont le prestigieux trophée du meilleur film. Il a aussi obtenu les César du meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot, et celui de la meilleure adaptation.
"J'ose à peine croire que je suis là maintenant. Je dois énormément aux trois magnifiques interprètes de "Fatima"", a déclaré Philippe Faucon. "Je salue très bas Loubna Abidar qui ne joue pas dans "Fatima" mais à qui je rends hommage", a-t-il ajouté.
Autre grand favori de cette soirée plus rythmée qu'à l'accoutumée, "Mustang" de la Franco-turque Deniz Gamze Ergüven, histoire de cinq soeurs adolescentes que l'on veut marier de force dans un village de Turquie, a reçu quatre trophées.
Cette ode à la liberté, qui représentera la France aux Oscars dimanche soir, a obtenu le César du meilleur premier film, du meilleur scénario, du meilleur montage et de la meilleure musique. "C'est un immense honneur", a déclaré Deniz Gamze Ergüven.
"Le cinéma français dans toute sa diversité regarde le monde avec les yeux grands ouverts comme l'a montré la 41e cérémonie des César (...). Le palmarès met à l'honneur l'acuité et la diversité de notre cinéma", a commenté la nouvelle ministre de la Culture, Audrey Azoulay, présente au Châtelet.
"Marguerite" de Xavier Giannoli, portrait d'une diva à la voix de casserole, est l'un des autres gagnants de la soirée. Il a remporté quatre prix, dont celui de la meilleure actrice, pour Catherine Frot, et ceux du meilleur costume, du meilleur décor et du meilleur son.
Bis pour Michael Douglas
"Plusieurs personnes m'ont dit que c'était un rôle à récompense. Donc, ce César, je le dois à Marguerite elle-même, ou plutôt à celui qui l'a réinventée, Xavier Giannoli", a déclaré la pétillante Catherine Frot en recevant son prix, après avoir entonné la chanson "Si tu veux, Marguerite".
Elle a été préférée à la Franco-Algérienne Soria Zeroual, femme de ménage dans la vie, dans "Fatima", ou à l'actrice marocaine Loubna Abidar pour son rôle de prostituée dans "Much Loved".
Le César du meilleur acteur est revenu à Vincent Lindon, grand favori, pour son personnage de chômeur humilié dans "La loi du marché" de Stéphane Brizé, qui lui avait déjà valu le prix d'interprétation à Cannes en 2015.
"Je suis extrêmement touché que vous me remettiez ce prix ce soir. J'essaie de prendre conscience de ce que c'est de vous voir d'ici (depuis la scène du Châtelet). C'est la première fois", a-t-il dit, en recevant son premier César.
Un large éventail de films ont été récompensés au cours de cette soirée, qui a aussi sacré Arnaud Desplechin meilleur réalisateur pour "Trois souvenirs de ma jeunesse".
Deux acteurs de "La Tête haute", le jeune Rod Paradot, meilleur espoir masculin, et Benoît Magimel, meilleur second rôle masculin, ont également été primés, tandis que l'actrice de "L'Hermine" Sidse Babett Knudsen a reçu le César du meilleur second rôle féminin.
Le film "Birdman" du Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, comédie noire aux accents fantastiques avec Michael Keaton a obtenu le César du meilleur film étranger.
"Le Petit Prince" de Mark Osborne, adaptation du célèbre conte de Saint-Exupéry, a remporté le prix du meilleur film d'animation, et "Demain" de Cyril Dion et Mélanie Laurent celui du meilleur documentaire.
La Palme d'or du dernier Festival de Cannes, "Dheepan" de Jacques Audiard, est reparti bredouille.
Pour la seconde fois de sa carrière, un César d'honneur a été remis à l'acteur américain Michael Douglas, 71 ans, qui a remercié d'un sonore "Vive la France", dans un discours entièrement en français.