"50 nuances de Grey". Il faut admettre que le film avait fait bien du bruit à sa sortie, et pas seulement au Maroc. L’affiche, jugée trop explicite, avait été retirée, en décembre, en Angleterre où, tout comme au Brésil, en Irlande, en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud, ou encore au Canada, «50 Nuances de Grey» a été interdit aux moins de 18 ans qui ont malgré tout possibilité de le voir s’ils viennent accompagnés. En Malaisie, par contre, le film a été tout bonnement censuré. Tout comme au Maroc où le film a commencé par échapper aux censeurs avant d’être brusquement retiré des salles de cinéma.
A quoi bon? Autant dire qu’on ne fait pas dans la nuance, pour poursuivre dans le jeu de mot. Au point d’en arriver à infantiliser les Marocains et à insulter leur sens critique. Ne peut-on, comme tout le monde, mettre des limites d’âge et laisser les gens juger par eux-mêmes de la qualité d’un film ou de sa médiocrité? Ou sommes-nous tous à ce point immatures qu’un film représentant un prophète nous menace d’athéisme et d’hérésie ou qu’un «50 nuances de Grey» mettant en scène les fantasmes sexuels extrêmes d’un homme d’affaires somme toute plutôt touchant fasse de nous des délinquants sexuels aux appétits débridés?
L’«art» stérile du socialement correctAu final, ces cafouillages sont inquiétants, car ils semblent plus relever d’une peur des réactions sociales que de décisions réfléchies. D’autant que tout le monde, aujourd’hui, peut avoir accès à ce qu’il veut à travers le net et les chaînes internationales de télévision. Et, pour ce qui est des «50 nuances de Grey», la censure du film aura fait du livre dont il est tiré et qui est, il faut l'admettre, infiniment plus "hot", un des succès du SIEL auprès des jeunes et moins jeunes. C’est dit.