Les NFT, la réalité mixte, la blockchain, le métavers et les hybridations sont au centre des Journées du virtuel, organisées ces 10 et 11 février à l’Institut français de Casablanca. Et c’est une conférence sur les jetons non fongibles, intitulée «Les NFT, quels challenges pour le monde de l’art?», qui a ouvert le bal.
Thuy Tien Vo, co-fondatrice de la structure Ox4rt et collectionneuse d’œuvres en NFT, a commencé par expliquer qu’il s’agit d’un système d’authentification d’une œuvre digitale, basé sur la technologie de la blockchain. L’œuvre, en 3.0, à savoir l’écosystème de la blockchain, est accolée à une signature NFT en pseudonyme, dont le propriétaire n’est pas identifié. La personne qui s’apprête à l’acquérir en monnaie virtuelle ou en monnaie réelle est ainsi sûre de posséder une œuvre unique et authentique.
«NFT, (..) c’est un jeton unique qui ne peut pas être pris pour un autre ou ressembler de manière identique à un autre», a déclaré la spécialiste pour Le360, ajoutant qu’«on en parle aujourd’hui dans le domaine de l’art car il a permis d’introduire une notion d’unicité [qui ] n’existait pas dans le domaine de l’art avant».
Elle a ainsi donné l’exemple des photographes qui étaient obligés d’imprimer leurs œuvres et ne pouvaient pas les diffuser sur internet car il suffisait à n’importe quel internaute de faire un clic droit et de sauvegarder la photo sur son ordinateur pour posséder la photo. «La NFT c’est comme un certificat d’authenticité. Lorsqu’on le lie à une photo, il va attester que la photo en question est unique.»
Lire aussi : Art: attention, un faux Chabâa vendu dans un marché à Essaouira!
A la question concernant la fonction entièrement virtuelle du monde des NFT, Thuy Tien Vo a répondu qu’il y a des peintres qui travaillent dans leurs ateliers et peignent de grandes fresques et éventuellement les prennent en photo et les retravaillent avec leur ordinateur et les vendent sous forme de NFT.
C’est le cas de Copie X qui, en quatre ans, est passé d’un artiste inconnu à un artiste reconnu dans le secteur du crypto art après avoir vendu une de ses œuvres à Cozomo de’ Medici, qui ne serait autre que le rappeur américain Snoop Dogg, pour un montant de 7 millions de dollars.
«A la base, on ne pouvait acheter les NFT qu’en cryptomonnaie (bitcoin ou etherium), mais maintenant il y a des secteurs de l’art qui introduisent la possibilité de pouvoir acheter des œuvres avec sa carte bleue, avec du dollar, du dirham…», explique notre interlocutrice.
Cette dernière a, toutefois, mis en garde contre les vols de NFT: «Les cryptomonnaies, vous les avez dans un portefeuille spécial, le fameux Wallet, et même si vous achetez vos œuvres avec des dirhams, il faut que vous soyez bien certain que le portefeuille de cryptomonnaies soit le vôtre. Et pour être sûr que ce soit bien le vôtre, à un moment, on vous a donné un mot de passe de 12 ou 24 mots.»
Lire aussi : Chute des cours, inflation… Comment la crise en Ukraine a-t-elle favorisé l’usage des crypto-monnaies?
Autre information importante qui a émané de la rencontre de ce vendredi 10 février: le marché de l’art traditionnel a engrangé jusqu’en 2021 près de 65 milliards de dollars, tandis que les NFT ont engrangé 27,4 milliards de dollars. En l’espace de 5 ans uniquement, le marché des NFT est en pente ascendante, et ce, malgré la chute brutale de la cryptomonnaie en 2021.
L’un des avantages de la cryptomonnaie en rapport avec l’art, c’est cette désintermédiation; les artistes n’ont plus besoin de passer par quelqu’un pour les représenter. D’où la nécessité pour les galeries et institutions qui achètent les œuvres de revoir leurs modèles. «En France par exemple, les galeries d’art prennent à l’artiste jusqu’à 60% de commission sur la vente d’une œuvre. Sur la plateforme où le wallet est créé, seul 15, voire jusqu’à 30% au maximum, est prélevé à l’artiste», a affirmé Thuy Tien Vo.
Cette connaisseuse du crypto art estime que le marché de l’art NFT au Maroc est très petit, mais a la conviction que les choses sont appelées à évoluer. «Tout se déroule tellement vite dans le monde du web 3.0 que par la force des choses, tout le monde sera bien obligé de s’y adapter.»