La décoration a été remise à Bahija Simou, par l’ambassadeur de la France à Rabat, Jean-François Girault, au nom du président de la République française.
Lors d’une allocution de circonstance, Girault s'est dit honoré de remettre les insignes d’officier de la Légion d’honneur à la directrice des Archives Royales, la qualifiant de "gardienne de la mémoire nationale marocaine", de "militante de l’amitié entre le Maroc et la France" et de "protectrice d’un très riche patrimoine qui, au-delà du Maroc, intéresse l’ensemble de l’humanité".
"Historienne, passionnée par la question des archives, elle a donné une impulsion nouvelle à cette institution essentielle qui collecte, classe et communique les documents sur l’histoire de l’État marocain et sur les relations diplomatiques avec les pays étrangers", a souligné le diplomate français.
Il a, dans ce sens, noté que Bahija Simou "dirige avec talent ce conservatoire de la mémoire du Royaume, dépositaire d’un fonds documentaire exceptionnel, composé notamment de véritables œuvres d’art, comme les Bayaa, ces serments d’allégeance des différentes tribus ou régions", ajoutant qu’elle a sous son autorité de précieux documents qui témoignent du temps long de l’histoire marocaine, qui sont restaurés, archivés et mis à dispositions des chercheurs ou des conservateurs, permettant la réalisation d’ouvrages ou d’expositions d’une grande valeur scientifique et politique.
Jean-François Girault a également évoqué son engagement en faveur d’un Islam tolérant et "contre l’importation de certaines conceptions religieuses étrangères à l’authentique tradition du Maroc.
Il a, en outre, mis l’accent sur la relation entre le Royaume et la France, qui occupe une part importante de la carrière de Mme Simou et à laquelle elle a apporté une contribution éminente, faisant observer qu’elle a travaillé étroitement avec la communauté des historiens français et qu'elle a noué une relation privilégiée avec de grandes institutions françaises, telles que les archives diplomatiques, les archives nationales, la bibliothèque nationale de France, l’Institut du monde arabe, ou encore le musée du Louvre. Ainsi, il a rappelé qu’en 2015 et 2016, Bahija Simou a dirigé la publication de deux ouvrages fondamentaux qui retracent les relations entre le Maroc et la France depuis le 13e siècle.
Dans ce cadre, l'ambassadeur de la France à Rabat a souligné que Mme Simou est l'auteur de plusieurs publications sur les relations historiques unissant le Maroc et la France et a été à l’origine de nombreuses expositions qui ont marqué le partenariat d’exception maroco-français, citant la récente exposition sur "Les splendeurs de l’écriture au Maroc", inaugurée par la princesse Lalla Meryem et le président de la République française et qui fait, notamment, découvrir un très ancien Coran, une Thora sur parchemin et un magnifique Évangile en arabe.
Pour sa part, Bahija Simou s'est dite fière et émue pour cette distinction, soulignant que depuis le 13e siècle, le Maroc et la France ont su écrire une histoire partagée très riche en échanges diplomatiques, culturels et commerciaux, une histoire jalonnée d’évènements exceptionnels, qui fait apparaitre le Maroc en tant que porteur de valeurs universelles de paix, de liberté et de démocratie, par-delà les différences de langue, de culture ou de religion.
Elle a également fait savoir que tous ces travaux s’inscrivent parfaitement dans la philosophie du roi Mohammed VI qui, depuis son accession au Trône, n’a épargné aucun effort pour consolider davantage cette tendance et pour renforcer les liens historiques qui unissent le Maroc et la France.
Le souverain n’a cessé d’exprimer son grand intérêt pour l’échange culturel, mettant la culture au centre de sa réflexion en tant que moyen le plus efficace pour éloigner les diverses menaces et un facteur essentiel pour préserver les générations futures de tout égarement, a-t-elle affirmé, mettant en exergue le soutien indéfectible et l’intérêt particulier du Souverain pour la recherche scientifique.
Bahija Simou a poursuivi ses études d’histoire à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Fès. Elle a, par la suite, obtenu un diplôme d’études approfondies à l’université de Franche-Comté, à Besançon, puis un doctorat en histoire à la Sorbonne (Paris) sur les réformes militaires au Maroc de 1844 à 1912. Quelques années plus tard, elle a obtenu un doctorat d’État à l’Université Mohammed V de Rabat.
Elle a également mené une brillante carrière universitaire, au niveau de l’enseignement, qui l’a amenée en 2002 au poste de professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Mohammed V.
Elle est une éminente spécialiste de l’histoire militaire du Maroc, en particulier de l’histoire militaire du 19e siècle et des années qui ont précédé le protectorat. Sur ce sujet, elle a publié des livres et des articles, mais aussi assisté à de nombreux colloques nationaux et internationaux.