Zéro Mika ou maxi blabla ?

DR

ChroniqueCe n’est pas la première fois que le gouvernement -je ne parle pas uniquement de celui-ci- prend une décision de ce type, c’est à dire courageuse, audacieuse et dans l’intérêt de tous les citoyens, et puis, que cette décision soit non pas remise en question mais, pis, jamais mise en exécution.

Le 21/06/2016 à 11h56

Loin de moi l’idée de douter de la bonne foi de nos gouvernants ni de leur souci de préserver l’environnement en décrétant l’interdiction imminente des sacs en plastique, ces objets volants facilement identifiables et qui tapissent depuis des années nos champs et nos près et les font ressembler à des terrains minés, ce qui n’est pas loin de la vérité.

J’applaudis des deux mains et même plus cette initiative qui souligne que notre pays a choisi le bon chemin et s’il continue sur cette voie, on ne verra plus bientôt ni véhicules fumants et toussants circuler impunément dans nos cités et nos campagnes, ni liquides douteux et nauséeux se déverser allègrement dans nos mers et nos océans.

Vous allez me dire que je vais un peu vite en besogne, et je vous dirais qu’il vaut mieux se presser de les croire avant qu’ils ne changent d’idée. Je vous dis cela parce que, voyez-vous, ce n’est pas la première fois que le gouvernement -je ne parle pas uniquement de celui-ci mais également des autres qui l’ont précédé- prend une décision de ce type, c’est à dire courageuse, audacieuse et dans l’intérêt de tous les citoyens, et puis, que cette décision soit non pas remise en question mais, pis, jamais mise en exécution.

Vous voulez un exemple? Je vais vous le donner et d’ailleurs, il figure dans les mêmes rayons, à savoir la santé et la pollution. Il s’agit, vous l’avez sûrement deviné, de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Cette loi date d’une éternité, peut-être avant même que moi-même j’arrête la cigarette, et jusqu’à aujourd’hui, elle n’est toujours pas appliquée, parce que, justement, le décret d’application n’est toujours pas signé. Et c’est pour cela, par exemple, que dans la plupart des cafés, restaurants, véhicules de transport publics et même certaines administrations ou collectivités, on continue de fumer allègrement au grand dam des non-fumeurs et non-fumeuses, des enfants, des personnes âgées, des asthmatiques ou de toute autre personne qui n’a aucune envie d’attraper une sale maladie à cause d’intoxiqués qui profitent du double langage et de l’inaction des responsables irresponsables.

Je ne voudrais pas faire d’amalgame ou mettre tout le monde dans le même sac, mais je suis tout de même obligé de ne pas forcément et spontanément croire des gens qui ne tiennent pas toujours leurs promesses ou bien qui agissent seulement à l’approche de certaines échéances. Attention: je n’ai pas dit que cette loi, qui devrait démarrer théoriquement le 1er juillet, aurait un quelconque rapport avec les élections législatives qui se dérouleront dans quelques semaines, comme je n’ai pas dit non plus que c’est la tenue de la COP22 dans notre pays en novembre prochain qui aurait précipité sa mise en œuvre. Je n’ai rien dit de tout cela, mais juste entre nous, je n’en pense pas moins.

J’ai peut-être tort, mais je préfère dire ce que je pense, quitte à me gourer, plutôt que de croire à toutes les balivernes qu’on n’arrête pas de nous raconter. Cela dit, je ne vous cache pas que j’éprouve énormément de sympathie envers tous ces mouvements de soutien à cette loi, notamment à travers les réseaux sociaux. En effet, je trouve si mignon et si attendrissant ces photos postées ça et là où l’on voit certaines personnes et non des moindres, dont beaucoup d’amis et amies, portant fièrement des paniers en osier ou des couffins qui ont accompagné nos illustres ancêtres. Je ne citerai pas de noms pour ne pas faire de jaloux, du moins pas avant que je ne m’y mette moi aussi un jour. J’attends d‘ailleurs d’en acheter un qui soit assez chic pour que la photo soit plus choc.

Trêve de plaisanterie. Le 1er juillet c’est presque demain et très franchement je ne vois pas comment on pourrait du jour au lendemain, et en plein ramadan, se passer de nos chers sacs en plastique qui permettent de porter et de supporter les dizaines d’aliments dont on se goinfre chaque jour. Moi j’ai une idée qui pourrait aider sinon à éliminer rapidement ces calamités, du moins permettre de les réduire quantitativement. En fait, cette idée, je l’ai découverte à Dakar où j’ai séjourné récemment. En effet, le Sénégal, après de vaines tentatives depuis 2002, vient de sortir une loi similaire qui n’interdit pas clairement les sacs en plastiques «légers», comme on les appelle là-bas, mais qui les a rendu payants. Tu veux nous polluer? Et bien tu passes d’abord à la caisse! Et justement, à la caisse par exemple des supermarchés, pour le moindre petit sac, il faut casquer. Du coup, les gens viennent faire leurs courses munis de leur panier ou de leur carton.

C’est une idée que j’ai empruntée et que je souffle à qui de droit, et qui pourrait, tiens, aider les fabricants de sacs polluants à ne pas fermer boutique tout de suite et à avoir un peu plus de temps pour se recycler, pourquoi pas, dans la confection des couffins. Je suis sûr qu’ils peuvent gagner aussi beaucoup de blé avec ça. D’ailleurs osier et oseille, c’est la même famille.

En attendant, je vous dis vivement une vraie politique écologique et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 21/06/2016 à 11h56