Je n'en attends aucun miracle, pourtant je ne sais vraiment pas pourquoi je suis impatient de connaître la composition du prochain gouvernement. Tout ce que je sais, et que personne n'ignore non plus, c'est qu'il y aurait «un blocage».
Mais, pardi! Qui bloque qui et pour le compte de qui? Je me le demande et je vous le demande. Franchement, est-ce que quelqu'un(e) d'avisé(e) parmi vous peut m'expliquer comment, exactement quarante-cinq jours après la date du scrutin, nous n'avons aucun signe qui pourrait juste nous donner une petite idée sur qui va nous gouverner et surtout avec qui?
Je sais, et tout le monde le sait également parce qu'ils font beaucoup de bruit, que beaucoup de partis se bousculent au portillon, mais on ne sait toujours pas qui fera ou bien ne fera pas partie de la nouvelle formation. Il est vrai que durant les premières semaines qui ont suivi les résultats des élections, il y a eu beaucoup de va-et-vient chez le Chef du gouvernement désigné qui n'est autre que l'ancien qui a été rappelé et dont la renommée n'est plus à faire. ll y a eu ceux qui sont allés le voir dès qu'il les a appelés, d'autres qui ont accouru dès qu'il leur a fait signe, d'autres encore qui auraient bien voulu y aller, même comme simples accompagnateurs, mais qui, les pauvres, attendent encore. Et puis, il y a ceux qui ont été éliminés d'emblée de la liste des invités, même si, personnellement, je ne sais pas quelle aurait été leur réponse.
Vous savez, quand j'entends quelqu'un crier très fort qu'il refuse catégoriquement de s'allier avec quelqu'un, et que ce dernier quelqu'un répète à souhait qu'il aimerait bien se réconcilier, avouez qu'il y a matière à se poser des questions et je ne cesse de m'en poser. En vain. Autrement dit, je ne pige rien. Peut-être qu'il n'y a rien à piger.
Revenons maintenant au fameux «blocage». Ce truc m'a fait rappeler une vieille histoire où j'ai failli y passer, justement, pour une question de blocage. De freins. Je vous la raconte. Il y a quelques années, j'étais en voyage en famille dans la région de l'Oriental. Alors que je conduisais tranquillement, commençait à tomber un crachin très fin, tellement fin qu'on ne le voyait pas tomber.
En revanche, au fur et à mesure qu'on avançait on voyait de chaque côté de la route – à l'époque on n'avait pas encore inventé l'autoroute au Maroc – plusieurs voitures dans les champs et qui avaient dérapé à cause des lubrifiants accumulés sur le goudron. Tout cela m'avait un peu échaudé et m'avait poussé à ralentir la cadence. Et puis, à un moment, je vois une fourgonnette à quelques dizaines de mètres de moi qui commençait à slalomer et, tout de suite après, à faire des tonneaux. Alors, j'ai paniqué et, ni une ni deux, j'ai appuyé sur la pédale de frein et je crois aussi, tant qu'à faire, sur celle de l'embrayage. Et là, ma bagnole a viré brusquement vers la gauche et est allé droit dans le décor qui se trouvait, je dois le préciser, plusieurs mètres plus bas. Je vous jure que j'ai fait un envol à rendre jaloux James Bond. (C'est peut-être pour cela que je viens de lui rendre hommage, mais ça, c'est une autre histoire).
L'essentiel c'est qu'il y a eu plus de peur que de mal puisque j'ai fini par tomber sur mes quatre pneus et à m'en sortir sans la moindre égratignure. Le Bon Dieu avait probablement estimé que l'humanité avait encore besoin de mes services.
Je vais arrêter là la plaisanterie et vous expliquer le rapport avec cette aventure où tout le monde a envie d'épouser tout le monde, mais où personne ne peut avancer au moins la date des fiançailles. Et pourquoi donc? Parce que, justement, il y a un «blocage». Et qui dit blocage dit dérapage. En effet, les experts qui ont examiné ma voiture après l'accident m'ont démontré que si elle a glissé sur la chaussée, c'est parce que mes freins s'étaient bloqués. Et pourtant, ils n'auraient pas dû parce que j'avais le célèbre ABS, et qui veut dire littéralement «Anti Blocage Système». Je récapitule: quand j'ai appuyé sur la pédale du frein, ma voiture ne devait pas déraper parce que mes freins ne devaient pas se bloquer. Et pourtant...
Alors, voyez-vous, je pense que c'est un peu le problème de notre gouvernement qui n'arrive pas à voir le jour. Mais, s'il vous plaît, ne me demandez pas qui a mis de l'huile sur la chaussée, ni qui a prié pour que le crachin tombe sur la route, ni qui a appuyé sur le frein ni encore moins qui a bloqué pour que tout le processus dérape et commence à aller dans tous les sens. D'abord, je ne le sais pas, et même si je le savais, je ne vous le dirais pas. Comme disait l'autre: ça ne me regarde pas!
Cela dit, j'aimerais quand même vous faire remarquer que nous sommes sans gouvernement depuis un mois et demi. Et pourtant, ça tourne, et même plus tôt pas mal! De là à en déduire qu'on pourrait bien s'en passer, c'est un pas que je ne saurais franchir... Néanmoins, je n'en pense pas moins... Maintenant, je n'ai plus qu'à vous dire: "Vivement le déblocage de l'engrenage et vivement mardi prochain!".