Il faut frapper le citoyen tant qu’il est chaud

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ChroniqueA propos de chaleur, je n’ai pas tellement l’impression que mes concitoyens et mes concitoyennes soient très chauds pour participer aux prochaines élections législatives et donc décisives qui vont avoir lieu, je vous le rappelle à toutes fins utiles et pas forcément agréables, le 7 octobre prochain.

Le 26/07/2016 à 11h01

Bien sûr, connaissant mon démocratisme chronique, vous avez compris que ceci n’est pas du tout une invitation à la répression. En fait, par ces temps où il ne fait pas bon mettre le nez dehors, c’est juste une manière de rafraîchir la mémoire des Marocaines et des Marocains et de leur rappeler que bientôt il va falloir choisir, même si en vérité, ils n’ont pas l’embarras du choix, et même ils auront plus d’embarras que de choix.

D’ailleurs, à propos de chaleur, et à moins que je ne vois plus très clair, je n’ai pas tellement l’impression que mes concitoyens et mes concitoyennes soient très chauds pour participer aux prochaines élections législatives et donc décisives qui vont avoir lieu, je vous le rappelle à toutes fins utiles et pas forcément agréables, le 7 octobre prochain. Vous allez me dire que le 7 octobre c’est dans plus de 2 mois et je vous rétorquerais que durant ces plus de 2 mois, la plupart d’entre nous seront ailleurs, ou s’apprêtent à y aller, ou juste rêvent d’y aller c’est à dire qu’ils n’ont pas du tout la tête à choisir ni des têtes de listes ni des en-dessous ni encore moins des moins que rien.

Bref, la majorité d’entre nous est soit en vacances soit n’en a pas les moyens, raison de plus de penser à tout sauf à penser mettre un bulletin qu’ils ont toujours considéré comme futile ou peu utile dans une urne fut-elle préalablement scellée et totalement transparente.

Je veux parler des vacances et de tous les sacrifices que doivent faire ceux qui veulent en bénéficier alors qu’ils n’ont pas un sou mis de côté et qu’ils ont mal de tous les côtés, mais je veux parler aussi de la fête dite du sacrifice et qui va pointer ses cornes dans moins de 50 jours. Comme quoi, les électeurs et les électrices, du moins ceux et celles qui se sont inscrits ou qui devraient le faire si jamais ça leur chante, ont d’autres moutons à fouetter en ce moment.

Tout cela pour vous dire que je m’interroge, comme à chaque fois d’ailleurs, pourquoi on choisit des dates aussi biscornues pour des échéances aussi… disons… stratégiques. Je ne voudrais pas croire toutes ces mauvaises langues qui racontent partout que tout cela est fait d’une part pour avoir, a priori, une faible participation et donc une faible implication et donc, a postériori, de faibles protestations, et, d’autre part, pour permettre d’expliquer cette faible participation, justement, par toutes le raisons que j’ai évoquées plus haut : chaleur, vacances, fête du mouton, sans oublier, j’allais l’oublier, la rentrée scolaire qui va avoir lieu juste à la veille de ces élections.

En fait, juste entre nous, on aurait voulu que personne n’aille voter, on n’aurait pas agi autrement. Maintenant, ne croyez surtout pas que tout cela m’enchante. Bien au contraire. Bon, c’est vrai, je ne suis pas un citoyen modèle et je n’ai jamais caché que je n’ai jamais voté, mais je vous jure que j’avais vraiment commencé à penser à l’idée de pouvoir le faire ou au moins envisager l’éventualité d’y réfléchir.

D’ailleurs, à force d’écouter mes potes et mes proches qui n’ont pas arrêté ces dernières années de me casser les oreilles en me répétant tous les jours que les absents ont toujours tort et que si les qui-vous-savez sont passés aux dernières élections, c’est parce que nous qui savons ne sommes pas aller aux bureaux de vote pour les contrecarrer, j’ai fini par m’inscrire enfin sur les listes électorales. 

C’est vous dire que je suis plus que prédisposé, théoriquement, à en choisir un ou une qui parlerait désormais pour moi et en mon nom. Je vous assure que si jamais j’arrive à dénicher le candidat ou la candidate qui serait mon porte-parole, je serais l’homme le plus heureux du Maroc. Et vous savez pourquoi ? Parce que je n’en peux plus de parler tout le temps, de parler partout et de parler tout seul.

D’ailleurs, c’est simple : à force de parler dans le vide, je suis devenu aphone. Non, ce n’est pas une simple image. J’ai littéralement perdu le son. En vérité, je ne suis pas devenu tout à fait muet, mais je n’ai plus aucune envie de l’ouvrir, ce qui revient plus ou moins au même. Oh oui, je sais que ça arrange beaucoup de monde, mais comme j’ai plusieurs cordes vocales à mon arc, si je ne cris plus, je peux toujours écrire, et ça, ça vaut toutes les voix du monde.

Donc, en un mot comme en cent, avec ou sans son, je vais voter. Comment ? Pour qui ? Je ne vous le dirai pas, na ! Par contre vous allez bientôt savoir contre qui je vais voter. En attendant, je vous dis vivement la fin de la canicule et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 26/07/2016 à 11h01