A chaque tendance son petit nom et l’une de celles qui ont assurément marqué cette année 2020, qui s’achève enfin, c’est l’augmentation des divorces à travers le monde. On appelle désormais ce phénomène le «divorce Corona».
Comment un virus peut-il signer la fin d’autant de couples? C’est une question qu’à vrai dire on ne s’était jamais posée. On avait bien envisagé, en lui disant oui pour la vie, l’usure du quotidien, l’infidélité, le mensonge… Mais un virus (autre qu’une MST, cela va de soi), jamais!
Véritable phénomène mondial, cette tendance à la séparation a fait s’affoler les compteurs des avocats et conseillers conjugaux avec des chiffres à vous donner le tournis, allant jusqu’à des hausses de 40% de divorces à une période donnée dans certains pays, selon les données de cabinets d’avocats. En Chine, au Japon, aux Etats-Unis, en France et aussi au Maroc, le coronavirus a sonné le glas de bien des unions, ce qui n’est pas sans susciter quelques questionnements cruciaux sur le mariage, et ses fondamentaux.
De l’avis de spécialistes, ce sont les couples les plus fragiles qui auraient subi de plein fouet la violence d’un confinement forcé, à deux. Impossible de se cacher, de s’isoler, de noyer ses problèmes dans le boulot jusqu’à des heures tardives… La pandémie nous a forcé à affronter les lésions d’un couple qui n’aura parfois que trop duré.
Mais ce qui ressort aussi des avis d’experts et des données avancées, c’est l’augmentation des divorces provenant des femmes de tous âges. Au Maroc, une avocate qui s’exprimait dans un média local s’étonnait ainsi de voir défiler en majorité dans son cabinet des femmes mariées depuis parfois plus de 40 ans, bien résolues à envoyer au diable leur légendaire patience et à préférer la solitude au mariage.
Cette pandémie a ainsi mis à nu, dans une lumière crue et sordide, les inégalités qui plombent le couple au quotidien, ne serait-ce que dans la mauvaise répartition des tâches domestiques et parentales. Nous n’avons peut-être jamais été autant soumises, nous autres femmes, à une telle pression sans bénéficier pour autant de quelques égards ou d’un semblant de reconnaissance. Car pour l’autre, le prétendument mâle alpha, tout cela est normal et ce, quand bien même la femme doit aussi assurer un emploi. Et n’allons surtout pas parler de salaire! Car si d’aventure, en pleine crise économique, c’est l’épouse qui continue de faire bouillir la marmite, elle aura plutôt intérêt à ne pas trop le clamer sur les toits, histoire de ne pas blesser l’égo de son conjoint. Une sacrée partie de jonglage qui a demandé un effort physique et psychologique quasi-surhumain aux femmes.
Cette épidémie de divorces témoigne d’un constat qu’il serait grand temps de prendre au sérieux, les insupportables inégalités qui plombent les couples et ce, quand bien même on se targue d’être féministes, «modernes» et «ouverts d’esprit». Aujourd’hui, on ne se marie plus pour les mêmes raisons qu’il y a quelques décennies. Au Maroc, être en couple n’est plus conditionné par le mariage, malgré les tabous et les lois, on peut avoir été célibataire et adopter un enfant, on peut accéder à l’autonomie financière sans devoir pour autant envisager un bon parti… Alors à quoi bon vivre en couple, si c’est pour faire le grand écart entre une société qui garantit nos droits sur papier et un couple qui, pour tenir sur la durée, nous force à faire abstraction de cela en rentrant chez soi?
Parmi les nombreux enseignements à tirer de cette année 2020, la prise de conscience de la fragilité de la vie, l’importance de la quête du bien-être par-dessus tout et, enfin, un beau miroir pour regarder la vérité en face.