Donald Trump ne serait pas le premier Américain à ne pas savoir où se trouve notre pays et à le confondre avec Mexico, Monaco et peut-être le Malawi. Alors, vite une carte du monde! Il faut la donner en cadeau au nouveau président de la plus grande puissance du monde. Une carte en couleur. Les amis de l’Amérique seront coloriés en vert, les autres en rouge. Quelle couleur mettre sur Morocco?
D’abord, il faut s’assurer que sur cette carte, le Maroc est présent dans son intégrité territoriale. Si cette expression est compliquée pour M. Trump, il faut lui faire un dessin où on aurait supprimé un bout d’un Etat américain. Il trouverait cela étrange. Là, il faudrait tout de suite lui dire que depuis une quarantaine d’années, des adversaires et voisins, contestent de manière véhémente le fait que le Maroc soit entier, non amputé de ses provinces du Sud saharien. Je suis certain qu’il comprendrait. Il faudrait ensuite lui rappeler que le Maroc a été le premier pays à reconnaître l’indépendance de l’Amérique. Un traité d’amitié et de paix a été signé par Mohammed III et Thomas Jefferson le 18 juillet 1787. Ce traité est le plus ancien de tous les traités conclus entre les Etats-Unis et des pays étrangers.
Ensuite, il faudrait lui faire une petite leçon sur les principaux rites de l’islam. Un dessin avec, d’un côté la majorité sunnite, de l’autre la minorité chiite. Là, il faudrait être prudent, lui dire par exemple : il y a d’un côté l’Arabie Saoudite et ses amis, et de l’autre l’Iran et ses adeptes. Un tout petit cours d’histoire pour lui rappeler qu’en 1945, il y eut un pacte entre Roosevelt et Abdelaziz Ibn Saoud à bord du Quency. Que dit ce pacte : l’Amérique protégera l’Arabie Saoudite. C’est ce qu’elle n’a cessé de faire, même si cette protection est payée par les Saoudiens. Espérons que ce rappel ne va pas l’encourager à casser l’accord obtenu par Obama avec l’Iran (ce fut une de ses promesses électorales).
Alors le Maroc sera peint en vert, parce que les relations entre notre pays et le sien sont anciennes et fortes. Au passage, on lui montrera la photo où il pose avec son ancienne épouse avec feu le roi Hassan II et on lui rappelera la grosse fête, organisée à Tanger par son ami Forbes pour célébrer l’actrice Elisabeth Taylor, à laquelle il a participé.
Un détail important: lui rappeler que Sa Majesté Mohammed VI est Commandeur des Croyants. Là, il faudrait lui montrer une photo pour qu’il comprenne l’importance de ce rôle dans le monde musulman. Ca va l’impressionner, lui dire au passage qu’il est président du Comité Al Qods, lui qui a promis à Israël de faire de Jérusalem sa capitale, ce qui est contraire au droit et à l’histoire. Il va falloir qu’il révise sa promesse.
Le reste, faisons confiance aux équipes de son administration qui gardent les pieds sur terre et savent où sont les intérêts de l’Amérique. Ne jamais oublier: ce qui guide la politique américaine, quel qu’en soit le président, ce sont leurs intérêts. Ne pas essayer d’aller contre ce principe de base permanent et inflexible.
On va bientôt découvrir que le candidat aux discours populistes, racistes et misogynes fera oublier ses bourdes et fera dorénavant attention à ce qu’il dira, car une fois président, il doit tenir compte des réalités. C’est ce qu’il a déjà fait en revenant sur l’idée de construire un mur entre le Mexique et l’Amérique, d’interdire l’entrée des musulmans aux Etats-Unis, et d’expulser plus de 2 millions d’immigrés.
La politique est sous la dictature du réel. Tous ceux qui se sont crus plus forts que la réalité l’ont regretté. Faisons confiance au réalisme et n’oublions pas que seuls les intérêts de l’Amérique priment.