Il est parfois difficile de garder son calme face à des individus qui se comportent de manière inadmissible à l’égard des handicapés. Le handicap n’est pas un choix. Quand des parents donnent naissance à un enfant différent, né avec des problèmes d’ordre physique ou/et mental, ils se trouvent devant une situation dramatique. C’est ce qu’on peut appeler «un malheur innocent». Aucune mère ne souhaite accoucher d’un enfant à problèmes. Mais une fois là, cet enfant a les mêmes droits que tous les autres et doit recevoir le même amour que ceux des naissances dites normales. Aucune raison ne peut justifier qu’un homme méprise une enfance différente.
Certains pays ont légiféré concernant les différents aspects du handicap. Ce qui ne veut pas dire que les lois sont appliquées. Disons que des pays ont plus évolué que d’autres et facilitent la prise en charge de ces enfants qui ne peuvent pas suivre une scolarité classique ni vivre de manière autonome.
Au Maroc, les familles qui ont un enfant handicapé souffrent. Elles sont souvent désemparées et sentent qu’elles sont abandonnées. Je le sais parce que je connais quelques cas et je mesure l’ampleur des difficultés qu’elles rencontrent quotidiennement. Il n’y a pas que le manque de moyens et d’infrastructures, il y a aussi, et surtout, le regard méchant et stupide des autres, il y a le comportement idiot et franchement criminel de certains comme le directeur de l’école Sidi Belabbès à Marrakech qui a eu l’audace d’annexer à son logement de fonction le jardin de l’association Malaika où des trisomiques jardinent. Avant que le wali de la région Marrakech-Safi n’intervienne, ses réactions, rapportées notamment par Le360, ont été scandaleuses. Cet homme qui se croyait tout permis a osé s’attaquer à des êtres sans défense. Heureusement que l’arrivée sur place du wali a mis fin à ce comportement inqualifiable.
Je suis père d’un garçon né avec une trisomie 21. Nous avons, sa mère et moi, tout fait pour qu’il suive un cursus normal et qu’il ne soit jamais perçu comme un étranger (étrange) à la société et au monde. Ce fut un travail de tous les instants, une lutte sans merci contre les institutions, contre les préjugés, contre les fatalités. Nous avons bien fait et aujourd’hui nous sommes fiers d’avoir arraché Amine au monde du handicap. Il est autonome, champion de natation, pianiste à ses heures et surtout il travaille et gagne sa vie. Durant notre trajectoire, nous avons rencontré pas mal d’obstacles administratifs et aussi des gens du genre de ce directeur d’école. Celui qui les remettait à leur place, c’était Amine lui-même, sans méchanceté, sans agressivité. Il s’adressait à eux avec tendresse et gentillesse pour leur démontrer leur erreur.
Je n’ai pas envie d’être gentil avec ce monsieur qui a donné le plus mauvais exemple en tant que directeur d’une école. Il devrait faire son examen de conscience et s’excuser publiquement ou changer de métier. Mais en général ce genre d’individus, fier de sa «normalité» et celle de ses enfants s’il en a, ne se pose pas tant de questions. C’est, en plus d’un individu au cœur sec, un homme sans culture.
A l’occasion de cet incident, l’attention des pouvoirs publics ainsi que celle de la population a été interpellée. Reste à savoir ce qu’il faudra faire pour que la situation des handicapés au Maroc soit traitée avec le maximum de soin. Des associations existent. Des familles sont engagées et sont inquiètes. Ni l’administration ni l’opinion publique ne se sentent concernées par ce drame. Il faut être touché dans sa propre famille pour réaliser combien il est difficile de s’occuper quotidiennement d’un enfant ou un adulte souffrant de problèmes moteurs ou psychiques. De toute façon, cela ne justifie en rien l’attitude violente et inhumaine de ce soi-disant directeur d’école.