Le 1er avril dernier, la plage d’Essaouira (chère à mon cœur de Souiri du côté maternel) était envahie par toutes sortes d’engins à moteur pour l’arrivée du Rallye Aïcha. Ce matin-là, Inès, bien calée dans son fauteuil à Paris, regardait avec émotion et fierté son 4X4 achever les 2.500 km parcourus en 8 jours. A ses côtés, Adèle éclatait de rire, épuisant tout le souffle que lui donnaient encore ses petits poumons. Elles l’avaient fait, elles avaient réussi!
Les images de leur aventure marocaine tourbillonnaient dans leur tête… Sous la tente éclairée par des photophores en pots de yaourt décorés, la soirée passée à écouter des contes berbères… L’après-midi passé à faire un authentique thé à la menthe et de vraies cornes de gazelles… L’autre après-midi consacré à confectionner des sculptures d’animaux du grand Sud… Et puis il y avait eu les photos et vidéos partagées sur internet pour raconter la traversée d’un oued sans trop de dégâts, les anecdotes du petit Sofiane si heureux de leur parler de son pays et de leur apprendre à prononcer les noms des villages. Enfin, il y eut l’inoubliable soirée de danse orientale où elles ont fait onduler les fils des perfusions en agitant leur fine taille.
Amie lectrice, ami lecteur, ta perspicacité légendaire te fait froncer le sourcil: des éléments ne collent pas dans cette histoire. Tu as raison. C’est qu’Inès et Adèle ne sont pas des Gazelles comme les autres. Elles découvrent le Maroc de l’hôpital Necker à Paris où m’avait invité une bienfaitrice dont la modestie ne souffrirait pas qu’on citât son nom. Quelle belle idée ont eu là les animateurs de “l’Espace plein Ciel“! Par ces activités pleines d’imagination qui révélaient les richesses de notre pays et de notre culture, et à travers un lien quotidien via les réseaux sociaux ou le site du rallye, Inès et Adèle ont suivi et encouragé Christine et Delphine du Team 420 qui couraient pour les enfants malades de Necker. Les Gazelles ont grand cœur et l’ont montré par la bien-nommée caravane «cœur de Gazelles» qui offrait aide et soins médicaux aux habitants des villages traversés.
Nejjack, Mdouara, Oulad Driss, Foumzguid… Inès, Adèle, Sofiane et d’autres enfants de l’hôpital Necker récitent maintenant par cœur ces noms avec autant d’étoiles dans les yeux que celles qu’ils ont appris à repérer sur une carte stellaire du Maroc. C’est ainsi que notre pays est entré dans la chambre de ces petits Français qui y séjournent pour quelques jours ou de longs mois. Le projet leur a offert une échappée belle, un léger baume sur leurs souffrances, un encouragement à se battre, guérir et sortir pour «voir le vrai Maroc» – c’est leur rêve.
Et si une ONG marocaine ou un bienfaiteur local prenaient le relais? S’ils réunissaient des fonds pour inviter Inès, Adèle, Soufiane et les autres au Maroc? En sortant de l’hôpital, je me pris à rêver de la joie de croiser un jour dans l’Empire chérifien un de ces enfants, guéri et joyeux, et qui me dirait: «Je suis tombé amoureux du Maroc à l’hôpital Necker.»